Takama s'arrête. Le sol n'est plus aussi chaud que tout à l'heure et, à la place du sable, il y a des petits cailloux. Il lui semble même ressentir une sensation de fraîcheur, voire d'humidité. «Les alluvions d'un oued», dit-elle. Tin Hinan, qui commence à se sentir mal, murmure : «Tu en es sûre ? — Oui, maîtresse, nous pourrons boire bientôt !» Elle va fouiller dans l'un des sacs accroché au dos d'un chameau et retire une petite pelle, puis elle s'agenouille et se met à creuser. Au fur et à mesure que le trou prend de la profondeur, la terre se fait plus humide puis, comme par enchantement, l'eau apparaît au fond. Takama creuse encore, élargit le trou, puis elle court chercher une outre qu'elle plonge dans le puisard. En riant, elle tend la peau de chèvre qui dégouline d'eau, à sa maîtresse. «Prends, bois !» Tin Hinan ne se le fait pas répéter deux fois. Elle prend l'outre et boit à longs traits. L'eau n'est pas très claire, elle est même trouble et mélangée de sable, mais combien elle est douce pour son gosier asséché par la soif ! Après avoir bu, elle tend l'outre à Takama. «Bois, toi aussi !» La jeune femme boit vite, car il faut penser aux bêtes qui, à la vue de l'eau, commencent à s'agiter. C'est qu'elles n'ont pas bu depuis plusieurs jours et elles ressentent, elles aussi, les affres de la soif. Takama va remplir un nombre indéterminé de fois son outre et faire boire les chameaux.