Alors qu'elles marchent, Takama aperçoit une colonie de fourmis qui regagne leur fourmilière. Les insectes paraissent plus gros que les fourmis habituelles : elles ont surtout une grosse tête et une sorte de barbe. Elles marchent l'une derrière l'autre, dans un ordre et une discipline admirable. — Regarde, dit Takama à Tin Hinan, elles transportent des graines ! — Elles doivent s'en nourrir, dit la jeune femme, à moins qu'elles ne les emportent pour les mettre en réserve. — C'est ce que je pense aussi, dit Takama. Suivons-les, peut-être nous conduiront-elles là où elles emmagasinent ces graines ! — Tu crois qu'il y en aura suffisamment pour nous ? – Oui, dit Takama. Les deux femmes suivent la colonne et bientôt elles arrivent à la fourmilière. Takamat n'a pas de peine à l'ouvrir avec son bâton. C'est un véritable magasin à grains que les deux femmes recueillent. Un peu plus tard, elles les broient, puis, en les humectant d'eau, en font une bouillie… Un matin, elles parviennent enfin à leur destination. La masse sombre de l'Ahaggar jaillit brusquement, au détour d'une dune. «C'est là», dit Takama. La région ne paraît pas aussi désolée qu'elle paraît. Il y a de nombreux points d'eau, notamment dans la vallée de l'Atakor : si certaines sources ne coulent que de façon périodique, d'autres, au contraire, ne tarissent jamais.