Tin Hinan est avant tout un mythe auquel s'accroche, depuis toujours, la mémoire targuie. La tradition rapporte la venue du Maroc, à une époque immémoriale, dans l'Ahaggar, d'une jeune femme noble, Tin Hinan, et de sa servante, Takama. Le pays était à peu près vide, seuls quelques idolâtres très primitifs, les Isebetten, vivaient dans les monts de l'Atakor. Tin Hinan leur livra la guerre et réussit à les soumettre. Elle devint alors la reine incontestée de l'Ahaggar. Mais avant de continuer l'histoire de Tin Hinan, imaginons sa traversée du désert. Les deux femmes avancent péniblement dans le désert, sous un soleil de plomb. Pour ne pas fatiguer leurs chameaux, leur seule chance de survie dans ce monde hostile, elles vont à pied, en dépit de la fatigue qui pèse sur elles, tenant leurs bêtes en laisse. Elles sont venues de loin, de très loin même puisque, selon la légende, Tin Hinan et sa servante, Takama, sont originaires du Tafilalet, montagne située dans le sud-ouest du Maroc actuel. La légende ne dit pas pourquoi les deux femmes se sont aventurées dans le désert, aussi, toutes les hypothèses sont-elles ouvertes. Tin Hinan fuyait, peut-être, quelque ennemi – comme jadis Didon avait quitté les côtes de la Phénicie pour trouver refuge en Afrique – ou alors effectuait-elle un voyage initiatique pour se purifier dans le désert où l'attend une grande destinée…