Laisser-aller n La commune de Aïn-Bénian, Guyotville pour les nostalgiques, située à l'ouest de la capitale, croule sous le poids de la bêtise humaine. Si les rues et ruelles du centre ville de cette commune balnéaire semblent bénéficier d'un entretien plus ou moins régulier, ce n'est pas le cas pour d'autres quartiers. La route qui mène au domaine colonel Si El-Houès, sur les hauteurs de la ville, est en plusieurs endroits dans un état lamentable. Des immondices occupent plusieurs espaces, conséquence de l'incivisme de certains citoyens certes, mais aussi du laxisme des autorités locales et des services de ramassage des ordures. Un impair que plusieurs citoyens soulèvent. «Notre quotidien est géré par des responsables qui malheureusement sont incapables de faire déplacer une poubelle», nous diront plusieurs citoyens qui ont exigé que nous rapportions un tel désagrément. Les bidonvilles sont aussi une spécialité de la commune de Aïn-Bénian, qui compterait, selon certaines indiscrétions, plus de 3 000 taudis répartis sur l'ensemble de son territoire. Et comme dans d'autres communes de la capitale, il existe une maffia des bidonvilles qui construit et vend des taudis aux personnes en détresse. Le «gourbi» construit durant le week- end coûte entre 40 et 45 millions de centimes. «Tout le monde sait que de telles pratiques existent à Aïn-Bénian, mais rien n'est fait pour y mettre un terme», dénoncent plusieurs citoyens. Il y a, cependant, une spécificité : la majorité de ces bidonvilles est située à proximité des cités en construction. «Une astuce diabolique pour attirer et berner les postulants à un logement. Les vendeurs de taudis font croire aux acquéreurs que les logements en construction sont destinés aux habitants des bidonvilles», nous dit-on. Un attrape-nigaud en quelque sorte. Que ce soit à la cité Evolutive ou à la cité Belle-Vue, les élus locaux sont voués aux gémonies. «Nous vivons dans une commune gérée par des gens qui n'ont aucune notion du service public. L'insalubrité, l'oisiveté qui tue nos jeunes à petit feu et toutes sortes de maux sociaux gangrènent notre ville, à cause d'une gestion déficiente de nos quartiers et de notre quotidien par des élus qui ne sont là que pour veiller à leurs intérêts personnels et bassement politiques», accusent plusieurs riverains qui disent aussi que le chômage, la drogue, les agressions et les vols se conjuguent au quotidien en plusieurs endroits de la commune. Au domaine Ali-Mahiéddine, les quelques agriculteurs encore en place ne savent plus à quel saint se vouer. Selon eux, leur EAC est dilapidée. Ce domaine de 15 hectares a été amputé dans un premier temps, de 2 hectares pour la réalisation d'une école de formation hôtelière. «Outre la réalisation d'une école de formation hôtelière qui a été implantée sur nos terres, une entreprise égyptienne a bénéficié, elle aussi, d'un autre lot de terrain appartenant toujours à notre domaine agricole, pour la réalisation d'un projet dont nous ignorons la teneur. Nous avons introduit une action en justice pour récupérer nos terres, mais nous avons été déboutés», disent ces agriculteurs qui ne savent plus quoi faire pour protéger leur EAC. Ils craignent la poursuite du morcellement de ce domaine. Au quartier du 11-Décembre, l'un des plus anciens d'Aïn-Bénian, des terrains sont squattés par des citoyens. Ces derniers vivent la misère dans toutes ses dimensions en l'absence du minimum de commodités. Des immondices jonchent les rues et les ruelles de ce quartier populaire. A Aïn-Bénian, rien n'est plus comme avant. Surtout dans ce quartier qui mérite toute l'attention des pouvoirs publics. Le P/APC que nous avons voulu joindre, demeure intouchable. Un agent de sécurité, se considérant comme le porte-parole du premier magistrat de la commune, n'a pas trouvé mieux que de nous «conseiller» d'«aller voir avec le wali délégué, le maire est occupé avec les préparatifs des festivités du 27e jour du ramadan». C'est probablement pour de telles raisons, que la commune de Aïn-Bénian, n'est plus cette vitrine de la côte ouest de la capitale.