Rien n'est entrepris pour la sauvegarde de cette forêt grandiose, mais croulant sous les déchets, notamment le plastique qui menace d'anéantir sa faune et sa flore. Plus d'une année après notre dernière visite, la forêt de Mestaoua ou Djebel Ouahch est toujours dans un triste état. Pourtant, son florilège faunique (canards : colverts, siffleurs et foulques), et floristique, avec pas moins de 43 espèces arboricoles, en font l'une des plus belles forêts du pays. Ces lieux enchanteurs sont bel et bien à l'agonie, et c'est le sentiment de plusieurs promeneurs que nous avons rencontrés. La première vue qui s'offre aux regards, ce sont les immondices sous lesquelles croule cette nature inouïe, ce don divin. Dès l'accès aux lieux par un arceau romain, dont la réalisation, dans les années 1990, avait trop coûté, et qui menait au défunt jardin zoologique, apparaissent les stigmates d'un laisser-aller qui ne dit pas son nom comme la route toujours défoncée et ce, depuis le dernier glissement de terrain, ce que nous avions constaté il y a plus d'un an. Pourtant, en dépit de toutes les agressions subies par cet espace grandiose, dus à l' inconscience des hommes, il continue de susciter un engouement sans pareil. Mais, résistera-t-il longtemps ? Hélas, nous avons nous-mêmes constaté que cette forêt — qui est le poumon de Constantine — se trouve dans un état lamentable. Pire, rien n'est entrepris pour sa sauvegarde. « Nous avons honte de tous ces détritus éparpillés dans cette merveilleuse nature, et surtout toutes ces bouteilles et sachets en plastique qui encombrent les cinq lacs et leurs berges, mettant à chaque instant en péril la faune et la flore », nous dira un vieux nostalgique des lieux, qui vient y pêcher depuis…1958. Par ces temps de canicule, beaucoup de familles envahissent l'endroit en fin d'après-midi, en quête de fraîcheur. Le week-end, c'est carrément le rush. les officiels, quant à eux, pointent systématiquement du doigt l'incivisme du citoyen pour justifier la dégradation des lieux, ce qui n'est certes pas toujours faux. L'environnement agressé En effet, certaines personnes n'ont réellement aucun égard pour l'environnement. Mais pas seulement. Nous avons aussi trouvé de véritables amoureux de la nature. ils étaient en contemplation d'un fabuleux coucher de soleil sur les berges du 3e lac, alors qu'une sérénade s'improvisait en a capella par toute une colonie de rainettes, hôtes prolixes de ces étendues aquatiques, habitées aussi par les canards sauvages, plus précisément des foulques. « C'est le paradis », affirment ces personnes. L'un d'eux, un jeune, commente ainsi : « Regardez, les quelques poubelles existantes sont emplies à ras bord, elles ne sont même pas régulièrement vidées, où voulez-vous que les gens jettent leurs déchets ? La commune ne fait pas dans la continuité, ce sont toujours des actions ponctuelles. Comment pourrait-on prétendre au tourisme si la saleté envahit les endroits les plus stratégiques de la ville ? » Et un autre de renchérir : « Hormis cette forêt et celle d'El M'ridj, qui n'est guère en meilleur état, nous avons très peu de lieux de détente à Constantine. Que font les élus ? Y a-t-il une volonté de changer les choses ? Est-ce une fatalité que nous soyons aussi inconscients de ce que Dieu nous a donné ? » Des sportifs de renom viennent également s'entraîner dans cette forêt. Alors, que font les responsables de la Conservation des forêts, qui avaient pourtant, l'année passée, promis monts et merveilles pour la réhabilitation de Djebel Ouahch ? D'autre part, les mauvaises langues affirment que nos élus sont uniquement préoccupés par la pérennisation de leurs immenses privilèges. Elles disent aussi que c'est une honte que nos forêts en soient arrivées à un tel degré de déchéance, à cause de l'incurie des uns et de l'inconscience des autres.