Nostalgie n Bologhine était, jusque dans les années 1970, une charmante station balnéaire qui faisait la fierté des Algérois. Qu'en est-il aujourd'hui de ce lieu de rêve ? Rien n'est plus comme avant, car la situation de cette commune s'est amplement dégradée. Les habitants de l'ex-Saint-Eugène sont forcés de vivre la dure réalité du changement, celui de ces constructions aux belles façades qui ont laissé place à des bâtisses aux murs décrépis, et celui des ruelles bien entretenues à des voies sales et très mal éclairées, les déchets ménagers, alignés le long des rues en attendant le passage des services de ramassage, et des égouts qui déversent leur contenu à même la nature. La misère commence à l'entrée de la localité, précisément au niveau de la plage l'Eden à proximité du stade Omar-Hamadi où quelques familles vivent dans des cabanons en bois datant du début du siècle dernier. Ces habitations sont perchées sur des rochers ou des piliers. «Chaque fois que la mer se déchaîne, nos cœurs balancent au rythme des vagues. Nous sommes des morts-vivants», confie un riverain qui est tout de suite démenti par un autre. «Ce sont des squatteurs, les habitants légitimes ont été recasés. Ce sont des indus occupants qui ne sont là qu'occasionnellement», dénonce-t-il. A l'exception des routes principales où il y a un semblant d'entretien, ailleurs c'est le calvaire, à l'image de l'ex-quartier Chinois, connu désormais sous le nom de la rue Mohamed-Souameur, avec ses ruelles défigurées. Ici, rien ne semble préoccuper les élus locaux. Des détritus jetés pêle-mêle, des bâtisses délabrées risquant de s'effondrer à tout moment et une jeunesse délaissée, «dépossédée du local des scouts que l'APC a attribué à une tierce personne et à une entreprise publique», explique dans un sentiment de dégoût, un oulid el-houma, comme on dit. On apprendra également que le club nautique a été cédé et que la plage des voûtes est transformée en lieu de délinquance. Au niveau des plateaux, aux Deux-Moulins, le même décor mélancolique s'offre au visiteur. Là encore, les citoyens manifestent leur rancœur à l'égard des élus locaux. «Nos élus ne font que dans la complaisance. Nous sommes complètement oubliés», fera remarquer un habitant de la cité Jaïs. Tout au long du boulevard front de mer, les plages tant convoitées dans le passé, sont à l'abandon, polluées par le déversement quotidien des égouts de la ville. Les bidonvilles figurent en bonne place dans le menu de cette commune. Il y en a un peu partout. Là encore, l'éternelle question revient pour demander où se trouvaient les autorités locales lorsque ces bidonvilles commençaient à être installés, alors que le silence et le laxisme régnaient ? Du côté du cimetière israélite, c'est le même spectacle affligeant. Les lieux sacrés sont dans un état de délabrement avancé. «Leur restauration est une des obligations de l'entreprise en charge de l'entretien des cimetières», nous dit un coiffeur. Il serait enfin indélicat de quitter la commune sans parler de Notre-Dame-d'Afrique, ce quartier perché faisant face à la baie d'Alger. La première fausse note de ce magnifique quartier, c'est le dépotoir que croisent les usagers du téléphérique en quittant le quai de l'Etusa. Cependant, les riverains du Chemin Romain, se plaignent de leur situation synonyme de calvaire. Ce chemin situé en pente est complètement inondé dès les premières pluies d'automne, rendant la circulation routière et piétonnière impossible. Les écoliers sont les premiers à en faire les frais dans la mesure où se rendre à leur école est une entreprise périlleuse. Qu'il est loin le temps où ces quartiers baignaient dans la sérénité.