Résumé de la 2e partie n Holtorf demande à rencontrer l'amant de sa femme pour l'informer que les Allemands veulent attaquer la Russie... «Ecoutez, monsieur Holtorf, rien ne m'étonnerait de la part des nazis, mais tout de même. Ils ont signé un pacte avec la Russie, il y a moins d'un an. Ils viennent d'avaler la Pologne. Maintenant, ils sont en guerre avec la France et l'Angleterre. Une telle nouvelle ne vous paraît pas discutable ? — Je ne sais pas. Moi, je ne connais rien à ces choses-là. Mais l'ami de mon ami ne peut pas se tromper. Il voudrait que ça paraisse dans le Daily Herald. Lorsque je lui ai dit que vous n'y croiriez peut-être pas, il a pensé que vous voudriez vous renseigner. Par exemple, d'après lui, il serait facile de vérifier que les Allemands intriguent dans les Balkans et notamment proposent d'aider la Turquie, la Roumanie et l'Iran à fortifier leurs frontières. — C'est bon, je vais me renseigner et si ce que vous me dites est exact je vous promets que je ferai publier tout ça dans le Daily Herald. — Merci, monsieur Labalski. — Ne me remerciez pas. C'est doublement mon devoir, d'abord parce que je suis journaliste ; ensuite parce qu'il faut combattre le nazisme par tous les moyens.» Au moment où le petit homme se lève, avant de s'écarter de la table, un peu gêné, il demande : «Et pour ma femme ? — Oui, monsieur Holtorf ? — Vous l'aimez ? — Oui, je vous l'ai dit, monsieur Holtorf. — Est-ce que vous comptez l'épouser ? — Oui, si vous acceptez le divorce, monsieur Holtorf.» Le petit cocu ridicule reste songeur quelques secondes et, comme la première fois, triste et trop calme, battu d'avance, presque obséquieux, salue et s'en va. Quinze jours plus tard, dans le même café, les deux hommes sont à nouveau face à face. «Je suis au courant, dit le petit cocu ridicule. Ma femme m'a tout dit. Je sais que vous avez publié les articles et je sais même par mon ami que Hitler est très en colère. — En effet, l'ambassadeur d'Allemagne, jugé responsable des fuites, vient d'être appelé à Berlin. — C'est très bien, monsieur Labalski. — C'est grâce à vous, monsieur Holtorf. Je n'ai aucun mérite. — Si. Si. Je voudrais bien avoir votre courage. Mais maintenant, vous risquez de gros ennuis.» Et le petit homme sort de sa poche plusieurs articles de journaux qu'il déplie sur la table. «Vous avez lu, monsieur Labalski ? — Vous pensez bien que je les ai lus. Non seulement l'Allemagne s'empresse de démentir, mais il s'est déclenché dans certains journaux roumains, en termes voilés, une véritable campagne contre moi.» Des yeux, le journaliste parcourt l'un des articles qui dément l'information publiée par le Daily Herald et qui se termine ainsi : «Cette nouvelle sans fondement perdant tout intérêt nous intéresse du moins sur un point important : les correspondants de journaux étrangers. Il en est parmi eux dont on ne sait pas ce qu'ils font et d'où ils viennent, qui mettent sous forme de dépêche tout ce qui leur passe par la tête pour l'envoyer à leur journal. Existe-t-il oui ou non en Roumanie un département chargé de contrôler l'activité de ces hommes et d'expulser hors de nos frontières ceux qui sont nuisibles ? Si ce département existe, où se trouve-t-il ? Et qu'est-ce qu'il attend ?» «Vous n'avez pas peur, monsieur Labalski ? — De quoi voulez-vous que j'aie peur ? Je cours moins de danger que vous, monsieur Holtorf. Moi je risque d'être expulsé, voilà tout. — Oui. Pour vous, ce n'est pas très grave, mais pour ma femme... Elle vous aime, monsieur Labalski.» (A suivre...)