Résumé de la 9e partie n Fatma découvre que non seulement le bébé des voisins ressemble au fils qu'elle a abandonné autrefois, mais aussi que le père présente la même infirmité que son fils. Le petit-déjeuner est prêt, dit Athmane. — Je vais d'abord aller voir comment va la petite des voisins, dit Fatma. — Ça ne peut pas attendre ? Le lait va refroidir ! — Ils sortent tôt, je risque de les rater ! Commence à déjeuner, je reviens dans un moment. En réalité, elle veut surtout voir le mari de la voisine. Elle est sûre que, s'il s'agit de son fils, elle le sentira. Elle frappe doucement à la porte. Comme on ne répond pas, elle pense que les voisins ne sont pas encore levés. Elle s'apprête à retourner chez elle, quand la porte s'ouvre. — Khalti Fatma, c'est toi ! — Bonjour Mériem, je voulais prendre des nouvelles de la petite. — Amal a bien dormi, la fièvre est tombée, mais je vais rester avec elle, aujourd'hui, pour la surveiller. — Dieu merci, et le petit ? — Hassen, lui, se porte comme un charme ! — Que Dieu te garde tes deux enfants ! Qu'il garde aussi ton mari ! — Youcef voudrait vous remercier, ammi Athmane et toi, pour tout ce que vous avez fait pour nous ! — Ce n'est rien, dit Fatma. Il s'appelle Youcef, se dit-elle. Un joli prénom… Elle se rappelle qu'à l'époque, elle voulait l'appeler Karim, un prénom alors à la mode. Elle tend le cou, dans l'espoir de le voir. — Mon Dieu, dit la jeune femme, nous sommes en train de parler, sur le palier. Entre… — Je ne voudrai pas te déranger… — Non, non, entre, je vais te présenter Youcef, tu ne le connais pas ! Elle ne se fait pas répéter l'invitation deux fois. Mériem la conduit au salon. — Youcef, appelle-t-elle, nous avons de la visite ! Elle attend, le cœur battant. Quand l'homme entre, elle manque de s'évanouir. C'est lui, elle n'en doute plus ! Elle l'a laissé bébé, mais elle est sûre que c'est lui : ces traits, ce nez légèrement retroussé, ce front bombé… Elle ne peut voir derrière son oreille, mais elle est sûre que, comme son fils, il a une excroissance…. — Bonjour, dit l'homme… Mériem m'a dit tout ce que votre mari et vous avez fait pour nous ! — Ce n'est rien, murmure Fatma. Ah, si seulement elle pouvait lui poser quelques questions sur ses origines, sa famille, ce handicap qui le fait boiter… Elle en aurait le cœur net et pourrait dire, avec certitude : «c'est mon fils !» Mais hélas, ce n'est pas le genre de questions que l'on pose à un homme que l'on voit pour la première fois. Et, de toute façon, même si elle le connaissait depuis longtemps, elle ne pouvait pas lui annoncer, comme ça : je suis ta mère et tu es mon fils, je t'ai eu d'une relation coupable et, par peur du châtiment, je t'ai abandonné à l'hôpital… Non, ce ne sont pas des choses qui se disent… Du moins, pas spontanément… (A suivre...)