Décadence n Hormis quelques plages réservées aux «privilégiés», où l'accès est très limité, le reste n'est qu'«ombre et poussière», pour reprendre le célèbre adage romain. Les autorités ne cessent d'affirmer que d'énormes efforts sont fournis pour promouvoir le tourisme dans notre pays, avec la mise à la disposition des wilayas de budgets conséquents. Avec la défection pour cette année de la Tunisie, un pays potentiellement touristique, après la révolution du Jasmin, l'on s'attendait à voir l'Algérie «récupérer» ses touristes. Profiter de l'aubaine et saisir cette opportunité. C'est peine perdue. En effet, en parcourant les plages entre Zéralda et Tipaza, un doute persistant nous envahit quant aux véritables intentions des pouvoirs publics de promouvoir le tourisme. Hormis quelques plages dites «privilégiées», telles que Palm Beach, les différents complexes où l'accès est curieusement limité à une catégorie bien distincte de gens, à l'image des complexes de Zéralda, le CET et le Grand Bleu de Tipaza, le reste n'est qu'«ombre et poussière», pour reprendre le célèbre adage romain. De Zéralda à Tipaza, le paysage est enchanteur, féerique. La route que nous avons empruntée, bien qu'exiguë, offre une vue panoramique d'une beauté extraordinaire sur la Méditerranée. Seule l'Algérie peut offrir cette image, cette saveur et cette envie d'y fixer le regard, et ce, tout le long du parcours vers Tipaza. Nous arrivons au Chenoua, à l'ouest de Tipaza, une très belle plage au fond d'une baie captivante. Une route de corniche contourne le massif par le Nord, offrant de belles vues sur le Chenoua et sur les nombreuses criques, curieusement découpées et renfermant de petites plages de sable et de galets. La plus belle plage de sable se trouve aux pieds du mont Chenoua. Elle prend naissance au bord de l'enceinte des ruines romaines de Tipasa, développe sa courbe magnifique 2 km plus loin au pied du petit village donnant accès à la route de la corniche. Néanmoins, toutes ces potentialités se heurtent à une réalité amère une fois le regard à terre : absence d'équipements, manque flagrant d'infrastructures touristiques, incivisme des personnes qui y travaillent mais aussi des estivants. On ne trouve aucun hôtel de qualité, ni services répondant aux normes d'un tourisme digne de ce nom. Quant à la gérance de la propriété, un «K.-O. technique» caractérise nos plages : des montagnes d'ordures s'amoncellent sur des surfaces importantes des plages de l'ouest d'Alger. A Zéralda, pour rallier la plage, il faut emprunter une piste dégradée, isolée et extrêmement «risquée». A Douaouda marine, la piste qui mène vers la plage Colonel-Haouès est connue pour son manque de sécurité. En cas de panne, par exemple, on est livré à soi-même. Nous avons constaté, également, sur toutes les plages que nous avons visitées, que l'éclairage faisait défaut. Les poteaux électriques sont installés et équipés mais ils... ne s'allument pas ! A la plage Familiale 2 à Zéralda, si vous êtes tenaillé par la faim, il vous faut parcourir près de 2 km pour vous approvisionner. Voilà l'image que renvoient nos plages. Précarité et laisser-aller se mêlent à un manque de sécurité d'hygiène et de... civisme. A la recherche d'un espace de détente sur la côte Ouest, l'on est vite confronté à un terrible paradoxe : un grand potentiel naturel et une mauvaise exploitation de ces sites. A bon entendeur... !