Impressionné dès son jeune âge par les couleurs et les arts plastiques, ce créateur natif de Cherchell, un 7 avril 1959, a perdu sa voix de chanteur, mais a heureusement retrouvé sa voie. Il chantait le chaâbi mais ne s'est bien retrouvé dans sa peau, que dans le monde du pinceau qui lui a permis de s'extérioriser et de peindre «sa femme». Issu d'une grande famille d'artistes du chaâbi et de l'andalou, Abderrahmane, l'artiste peintre a perdu sa voix en tant que chanteur mais a récupéré «mieux» : sa voie dans l'art des couleurs dominées par le bleu et le jaune du désert à travers sa belle touche surréaliste. Les couleurs, il y a été initié grâce à son maître Ahmed Arbouche «qui m'a encouragé à persévérer dans la peinture et le dessin». Rencontré en marge de la 11e édition du Salon national des arts plastiques organisé à la bibliothèque de Cherchell du 11 juillet au 26 août derniers, l'artiste peintre, fidèle à sa ville natale, Cherchell, nous a accordé un long entretien à travers lequel, nous avons pu peindre un portrait biographique. Fils d'un chanteur chaâbi le regretté El-Hadj Ahmed Mansour, et frère aîné du chanteur contestataire Baaziz, Abderrahmane Bekhti est un artiste engagé comme son frère. «Nous avons tous deux puisé à la même source cherchelloise basée sur le chaâbi et l'andalou.» Anticonformiste, Abderrahmane a ramené à travers ses toiles un nouveau souffle pour rompre avec le classique à l'instar de Baaziz avec les paroles. Tout en luttant contre la médiocrité, l'indifférence, la régression des idées, les esprits conservateurs et les idées obscurantistes, Abderrahmane ne se lasse jamais de déclarer en public qu'il est le peintre de la femme. «Je peins cette femme, ce symbole d'amour, d'affection et de responsabilité.» C'est lui, le Nizar El-Kebbani pictural et même poétique. «Je prépare un premier recueil de poèmes où je chante la femme que j'ai peinte dans mes toiles», nous révèle-t-il. Durant son beau et difficile parcours de près de 40 ans, Abderrahmane dit avoir fait son chemin de bataille avec ses milliers de toiles basées sur la couleur et la recherche surtout dans l'histoire des arts plastiques en Algérie. Les différentes techniques de dessin à l'image de l'encre de Chine, le dessin, la peinture et l'aquarelle lui ont permis de goûter à toutes les écoles picturales : l'expressionnisme, l'impressionnisme, le futurisme et le surréalisme. Cet autodidacte a côtoyé de grands noms d'artistes peintres algériens et étrangers de renommée mondiale à l'image de Martinez, Aïcha Hadad, Baya, Khedda, Issiakhem, Dakhsani et bien d'autres encore. Le «Nizar» de la peinture nous résume la femme : c'est la mère, la sœur, l'épouse, la collègue, la bien-aimée…».