Difficulté n La pénurie de nombreux médicaments, dénoncée à plusieurs reprises et depuis quelque temps par les pharmaciens, est vécue par les malades et leurs familles comme une tourmente supplémentaire. Au niveau des pharmacies, on voit bien que les citoyens sont dépités et même en colère. Les pharmaciens, eux, impuissants face à une situation qui les dépasse, n'arrivent pas à expliquer cette pénurie à leurs clients. «Avec la pénurie qui s'est déclarée ces derniers temps, plusieurs médicaments manquent dans les officines. Cela n'est plus acceptable par nos clients qui n'hésitent pas à fulminer à chaque fois qu'on leur dit que tel ou tel médicament est en rupture de stock», déclare un pharmacien à Alger, qui ne cache pas son désarroi face aux critiques et réclamations des malades qui se présentent chaque jour à son officine, et qui repartent bredouilles. «Cela dure depuis plusieurs mois sans que l'on sache quoi répondre aux malades. On enregistre même un manque en produits génériques et quelques antibiotiques», ajoute-t-il. Un autre pharmacien se désole à chaque fois qu'il ne trouve pas le médicament recherché par un patient. «Que dois-je répondre à un patient qui est déjà tourmenté par sa maladie ou celle de son proche ? Il demeure tout de même que cette pénurie est vécue comme un calvaire aussi bien par nous-mêmes que par les patients, qui souffrent énormément», estime-t-il. De nombreux pharmaciens, en effet, tentent de tempérer la panique des patients en leur conseillant souvent de demander la prescription d'un autre médicament à leurs médecins. C'est le cas de Fatima, la trentaine, en pleine grossesse, obligée de retourner plusieurs fois chez son gynécologue pour qu'il lui prescrive un autre médicament. «Le premier qu'il m'a prescrit s'est révélé introuvable donc j'étais obligée de le remplacer par un autre bien qu'il soit moins efficace», explique-t-elle. Selon de nombreux témoignages des pharmaciens, beaucoup de patients ne font pas la différence entre le médicament princeps et son générique. «L'essentiel pour eux, c'est de trouver le médicament auprès d'un pharmacien», soutient l'un d'eux. La pénurie touche plusieurs médicaments, en particulier ceux destinés aux malades chroniques. Ainsi, les diabétiques, les cardiopathies, ceux qui souffrent de l'hypertension et les parkinsoniens, les insuffisants rénaux, les cancéreux et même les sidéens n'arrivent plus à trouver leurs traitements et prennent leur mal en patience. «Cela fait une semaine que je fais le tour des pharmacies à Alger pour me procurer un médicament pour ma mère diabétique, en vain. On me dit que ce produit est en rupture de stocks et je n'arrive plus à expliquer à ma mère cette situation. Elle souffre depuis quelques jours déjà surtout en ce mois de ramadan», raconte dépité Mahieddine, son ordonnance à la main.