Pas n L'événement est de taille et attendu depuis une année, soit depuis l'avènement du professionnalisme dans le football algérien, celui de la création de la Direction nationale de contrôle de gestion. Désormais, cette structure aura un œil sur les finances des clubs. Le temps de la «ch'kara» est-il terminé ? La gestion occulte, les bilans d'exercice complaisants, le détournement des subventions de l'Etat pour le paiement des primes et autres transferts, l'absence d'investissement et diverses dérives constatées depuis plus de deux décennies prendront-ils fin avec la création de la Dncg ? Ce sont autant de questions que se posent les observateurs au sujet de cette structure, rattachée à la Fédération algérienne de football (FAF) et à la Ligue de football professionnel (LFP), appelée à jouer un rôle déterminant dans la professionnalisation de notre sport roi. D'ailleurs, la première mission qui a été attribuée à la Dncg est celle d'un accompagnement des clubs en matière d'organisation de leur gestion comptable et financière, mais aussi de leur organisation juridique et administrative qui demeurent bien loin des normes admises dans le monde de l'entrepreneuriat, sachant que depuis une année les clubs ont créé leur Sspa (Société sportive par actions) qui ont du mal à survivre. Il est évident qu'avant que la Dncg ne commence son travail effectif, elle doit s'assurer que les clubs professionnels des Ligues 1 et 2 soient pratiquement sur un pied d'égalité en matière de mise à niveau, avant de passer aux sanctions et autres mesures pénalisantes, le tout dans un environnement professionnel qui a du mal à se mettre en place et qui le sera à court terme. Mais au-delà des missions basiques de la Dncg qui, faut-il le rappeler, a été calqué sur le modèle français, cette dernière peut-elle innover en adaptant ses règles au contexte de notre football où les droits TV restent dérisoires, où l'apport de la billetterie est négligeable, voire incontrôlable et que le merchandising est encore une utopie, pour ne citer que ces trois sources de financement des clubs professionnels de football ? D'autant plus que la Dncg n'a pas autorité d'auditer les comptes des clubs, sauf dans des cas extrêmes, par des institutions qui ont cette vocation, et qu'elle fonctionnera sur la base des documents (bilans d'exercices et autres) fournis par ces mêmes clubs. Du coup, ne risque-t-on pas de retomber dans les mêmes travers si les bilans présentés ou que les documents qui lui sont présentés ne sont pas sincères ? Nos clubs ont longtemps vécu au-dessus de leurs moyens, dépensant l'été en matière de recrutements à coups de millions et même de milliards, et pleurnichant l'hiver venu, comme la cigale dans la fable de La Fontaine. La Dncg a justement ce pouvoir de limiter le train de vie de certains clubs, de veiller à leur équilibre financier en ayant un œil veillant sur la mobilisation des ressources et sur les charges et dépenses, avant d'appliquer telle ou telle autre interdiction. Aujourd'hui, l'exercice sera délicat pour la structure qui sera dirigée par Mohamed Mecherara, ex-président de la Ligue nationale de football, mais surtout expert dans le métier puisqu'il est patron d'un cabinet comptable, du fait que la plupart des clubs, pour ne pas dire tous, cumulent des déficits et des dettes incommensurables.