Menace n Les armes, parfois lourdes, utilisées par la rébellion libyenne et les pro-Kadhafi risquent d'échoir dans les mains des terroristes d'Al-Qaîda et de plonger la région dans le chaos. Un «flux massif d'armes» provenant de Libye est récupéré par Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), a alerté, hier, mercredi, le Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. «La Libye était un pays super-équipé et super-armé et tout l'arsenal (que possédait le régime du colonel Mouammar Kadhafi) ou une grande partie, s'est volatilisé et s'est retrouvé sur les axes du Sahel», a-il souligné, évoquant même des «missiles sol-air». «Il y a un flux massif d'armes qui a quitté la Libye. Les terroristes qui sont dans la zone du Sahel en profitent», a-t-il déploré. L'Algérie avait également dénoncé l'entrée d'armes venant de Libye. Le Mali, la Mauritanie, le Niger et l'Algérie sont les pays les plus concernés par les activités d'Aqmi. «Il existe plus de liens entre les terroristes du Maghreb entre eux qu'entre les Etats du Maghreb entre eux», a encore regretté le Président mauritanien, en évoquant les lacunes de coopération entre ces pays. Une situation qui inquiète aussi les Etats-Unis qui redoutent un redéploiement d'Al-Qaîda dans toute la région. L'Afrique doit améliorer sa coopération pour lutter contre l'émergence possible d'un réseau de terroristes sur le continent qui prendrait pour cible la région et les Etats-Unis, a affirmé, hier, mercredi, un haut responsable militaire américain. Selon lui, Al-Qaîda cherche à s'implanter dans la durée en Libye, profitant du chaos créé par la chute du régime Kadhafi pour établir ses réseaux. Le réseau extrémiste ainsi que sa filiale Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) «pourraient tenter de profiter de la situation», a déclaré un autre responsable lors d'un point de presse au Pentagone. Des dirigeants des deux organisations ont déjà fait part de leur désir de jouer un rôle en Libye afin de «profiter de l'occasion de la chute du régime», a-t-il rappelé. Le général Carter Ham, chef du commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom), a affirmé que les pays d'Afrique du Nord faisaient face à une menace croissante de groupes affiliés à Al-Qaîda qui cherchent à rassembler leurs forces. «Al-Qaîda est quelque peu affaiblie, mais ses branches locales, celles qui s'en réclament, tout comme celles qui recherchent cette appartenance, paraissent prendre de l'ampleur. C'est ce que j'observe en Afrique et cela m'inquiète», a-t-il confié. Selon lui, trois groupes se démarquent : Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), les islamistes shebab qui opèrent en Somalie et en Afrique de l'Est, ainsi que les islamistes membres de la secte Boko Haram, se réclamant des talibans. «Chacun de ces trois groupes constitue une menace non seulement dans son pays d'origine mais aussi dans toute la région et les Etats-Unis», a-t-il précisé. «Si l'on ne fait rien, il pourrait bien y avoir un réseau qui s'étendrait de l'Afrique de l'Est au Maghreb en passant par le centre du continent et le Sahel, et j'estime que cela serait très préoccupant», a-t-il estimé. R.I. / Agences