Déclaration n Le fils du dirigeant libyen a prévenu que «parler du départ» de son père était «vraiment ridicule», même s'il a concédé que le pays avait besoin de «sang neuf». Dans une interview accordée ce week-end à la télévision BFMTV et diffusée hier, Seif al-Islam a ajouté : «Il ne veut pas tout contrôler. Il est à un âge avancé. Nous voulons porter sur le-devant de la scène une nouvelle élite, une élite de jeunes qui gouverne le pays, qui gère les affaires locales. Nous voulons du sang neuf. Voilà ce que nous voulons pour l'avenir de la Libye. Mais parler du départ du guide, c'est vraiment ridicule.» Depuis le début de l'insurrection, «tout a changé» dans le pays, a poursuivi le fils du dirigeant libyen, qui a été présenté comme un successeur possible à son père, 68 ans. «La Libye future sera complètement différente de la Libye que vous avez connue jusqu'à présent, avec le guide, avec Seif, avec le peuple, avec l'Est, avec l'Ouest, avec le Sud de la Libye nous sommes tous une famille unie et nous construirons une Libye nouvelle», a-t-il ajouté. En outre, il a estimé que «le départ du guide ne changera rien, car le peuple libyen ne permettra pas à ces bandes terroristes de diriger la Libye». «Si l'Occident veut la démocratie, une nouvelle Constitution, des élections, eh bien nous sommes d'accord. Nous sommes d'accord sur ce point, mais l'Occident doit nous aider à fournir un climat propice. Mais tous ces bombardements, ce soutien apporté aux groupes rebelles, tout cela est contre-productif», a poursuivi Seif al-Islam, qui a précisé que le pouvoir libyen était «prêt à discuter même avec le diable», mais qu'il y avait des «lignes rouges». «Tout d'abord, Kadhafi est une ligne rouge», a-t-il dit. «Deuxièmement», a-t-il expliqué, la division de la Libye est une solution inacceptable : «Depuis 70 ans, depuis notre Indépendance en 1952, nous sommes un peuple uni, mais à cause du Qatar et de l'Occident, on parle d'Est et d'Ouest en Libye.» «Troisième ligne rouge, la sécurité en Libye. Nous ne permettrons à personne de compromettre la sécurité de la Libye en apportant leur soutien aux groupes rebelles armés», a-t-il ajouté. Il a, enfin, répété avoir «beaucoup de preuves» de l'implication de membres du réseau terroriste Al-Qaîda parmi les opposants à Benghazi. Tête-à-tête Bouteflika, Ould Abdel-Aziz Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel- Aziz ont eu un entretien en tête-à-tête ce mardi matin à Alger, au lendemain de l'arrivée du comité de l'Union africaine (UA) sur la Libye pour une visite de deux jours en Algérie. Le président mauritanien, qui fait partie de ce comité, avait déclaré, hier soir, à son arrivée à Alger, que le comité œuvrait à trouver une solution à la «crise complexe» que traverse la Libye et qu'il poursuivrait ses efforts dans ce sens. La délégation est composée des présidents de la République du Congo, de Denis Sassou Nguesso, de la République islamique de Mauritanie, de Mohamed Ould Abdel-Aziz, du président de la Commission de l'UA, de Jean Ping, et du ministre des Affaires étrangères de l'Ouganda, de Henri Oryem Okello. «Nous œuvrons à trouver une solution à cette question complexe et nous poursuivons nos efforts pour sortir de cette crise», avait déclaré le Président mauritanien à la presse à son arrivée, hier soir, à Alger. Les médiateurs africains venaient de Libye où ils avaient rencontré dimanche à Tripoli, le colonel Kadhafi lundi après-midi à Benghazi (est) des représentants des rebelles. L'UA propose une «feuille de route» prévoyant la cessation immédiate des hostilités, un acheminement facilité de l'aide humanitaire et le lancement d'un dialogue entre les parties libyennes en vue d'une transition. La rébellion a rejeté, hier, le cessez-le-feu proposé par l'UA, accepté la veille par Mouammar Kadhafi, expliquant qu'elle refuserait toute médiation ne prévoyant pas un départ immédiat du dirigeant. «La France a commis une erreur historique» Le fils de Kadhafi a estimé que la France, à l'origine de l'intervention militaire en Libye, avait commis une «erreur historique». «Au regard des projets nombreux qui étaient engagés en Libye, le Président français Nicolas Sarkozy était l'allié le plus proche de la Libye et, par conséquent, il n'y a aucune raison d'engager un conflit entre la France et la Libye. C'est une erreur historique», a-t-il déclaré. Tout en accusant le Qatar d'avoir «réussi à vendre l'idée» à la France et à la Grande-Bretagne, «selon laquelle le régime libyen était une mascarade et que la Libye était un gâteau que l'on pouvait se partager, que le pétrole libyen pouvait être partagé». «La France ne retirera pas un seul euro de cette guerre qui est menée en Libye», a-t-il prévenu. «La France est perdante de cette situation de chaos», a-t-il ajouté.