Résumé de la 4e partie n La standardiste de l'usine note un message qu'elle doit remettre à Mme Zecchi... La standardiste note le message, en grommelant, car la communication est mauvaise. Elle range le message, et la matinée passe. A midi, au moment d'aller déjeuner, elle se souvient tout de même du petit papier... Zecchi. Elle cherche sur la liste des employés, et tombe sur une Zecchi Eva, employée aux écritures, poste 17. En vitesse, et pour se débarrasser du message, la standardiste appelle le poste 17. «Mademoiselle Zecchi ? J'ai un message pour vous, de Californie. Une certaine Sally a téléphoné. Elle a dit de rappeler à l'hôtel George de San Diego. C'est tout ce que j'ai compris.» Et elle raccroche ! Laissant Eva, la sœur aînée de Sally, bouleversée, muette et le cœur battant. «Sally ? C'est impossible, c'est une mauvaise farce. La petite Sally morte il y a près de deux ans, elle a téléphoné ? De Californie ? Et cette téléphoniste qui lui annonce ça comme ça !» La pauvre Eva laisse tomber son livre de comptes, et court chercher sa mère à l'atelier d'étiquetage. La mère s'évanouit. On la ranime, on court chercher le père à l'atelier de sertissage. II devient blanc, puis rouge, l'émotion le paralyse. Que de questions, que d'incertitudes. La standardiste est prise d'assaut. Cent fois, elle répète les quelques mots entendus sur la ligne brouillée. C'était une voix faible. Une voix d'enfant certainement. Elle voulait M. Zecchi, et puis Mme Zecchi. La pauvre téléphoniste s'en veut à présent. Si elle avait su ! Mais elle n'est là que depuis quelques mois, et elle ne connaît pas les trois cents employés de l'usine, encore moins l'histoire de Sally. L'attente est épouvantable. La police fédérale, prévenue, a télégraphié à San Diego. L'hôtel George est cerné, vers dix-huit heures. Un policier en civil y pénètre et, trois minutes plus tard, frappe à la porte d'une chambre. L'homme qui ouvre la porte est grand, costaud, il a les yeux pers et les cheveux gras. Au fond de la pièce, le policier aperçoit une petite fille, pâle et maigre à faire peur. Et tout va très vite. Lorsqu'il aperçoit la plaque de police, Tom Murray a un mouvement de recul, puis tente de s'échapper. Il y a une courte lutte, un coup de feu, et il s'arrête, une balle dans la jambe. Sally se précipite vers lui, affolée. «Tu as mal ? Dis, Tom, tu as mal ? Qu'est-ce qu'il y a ?» Le policier surpris relève l'enfant en larmes : «C'est toi, Sally Zecchi ? — Oui, monsieur. Il ne fallait pas lui faire de mal. Il n'est pas très méchant, vous savez. — Mais il t'a enlevée ! Tes parents te croyaient morte ! Est-ce que tu te rends compte ? — Oui, monsieur, j'ai lu le journal hier. — Quel journal ?» Sally va chercher, caché sous un petit lit, le sien apparemment, un journal froissé, vieux de janvier 1948, vingt-deux mois plus tôt. «Je l'ai trouvé dans une valise, hier en rangeant les affaires de Tom. Alors j'ai téléphoné !» Petit à petit, Sally raconte l'incroyable histoire de l'orange volée au marchand, les menaces de Tom et sa vie durant tout ce temps. Loin de chez elle, pratiquement séquestrée par Tom, qui ne l'a jamais maltraitée, ça non, mais qui la nourrissait peu, la soignait mal, et la faisait travailler toute la journée. A suivre Pierre Bellemare