Touché au coeur, le public l'a été par des airs graves et mélancoliques joués avec force et précision. Un concert de musique classique emmené par la pianiste autrichienne Emma Schmidt a eu lieu, mardi dernier, à la salle El-Mougar, à l'occasion du festival culturel européen, qui prendra fin à la fin du mois. Durant ce récital enchanteur, la soliste a eu à brasser un programme de musique internationale, à l'image de sa carrière qui l'a vue se produire dans les grandes métropoles musicales européennes et autres. Avec des doigts caressant le piano tantôt à une allure vertigineuse, tantôt avec souplesse ou nonchalance, Emma donnait la pleine mesure aux morceaux qu'elle jouera avec brio. Des morceaux des plus célèbres musiciens et compositeurs qu'a connus l'histoire de la musique classique. Des génies qui révolutionneront même l'univers sensoriel et ensorcelant de cet art, à l'image notamment de l'Autrichien Frantz Schubert qui inventa une nouvelle conception du temps musical, marqué par de vastes plages d'immobilité. Schubert a été également le premier chez qui le «lied» occupa une place centrale... Quant aux chansons de Gerschwin, elles furent les premières à intégrer les rythmes et les formules mélodiques du jazz. Une empreinte qui «s'entendait» très bien! Aussi, figuraient au programme, l'Espagnol Issac Albeniz et le grand Frédéric Chopin dont la pianiste s'évertuait à interpréter les émouvantes compositions. Le public, lui, composé en grande partie de membres de la délégation européenne, applaudissait à tout rompre à chaque fin de morceau pour exprimer toute son émotion et sa pleine satisfaction. Des ballades romantiques, il y en aura, pour traduire la solitude, le désespoir, mais aussi les tourmentes et la souffrance humaine avec Schubert. De la fragilité émouvante et de l'exploration poétique de la tristesse aussi, dans notamment Nocturne (en mi mineur) avec le Polonais Chopin. Avec une rare fluidité du mouvement, Emma Schmidt a su restituer avec fidélité toute la nature romantique et lyrique de la musique de ce grand musicien, une musique caractérisée par une mélodie délicate et de grande originalité. Un rythme raffiné, audacieux et subtil à la fois, qui étend savamment et avec profondeur sa mélancolique et sa plus tendre expression. Les extraits de la suite espagnole d'Issac Albeniz furent également d'une brillance et d'une puissance remarquable, toutes enveloppées d'exubérance et de vitalité... Poursuivant une grande carrière internationale, Emma Schmidt vit actuellement à Vienne où elle est née. Elle obtient son diplôme de piano auprès de Walter Kamper à la Musi-Khochschule de Graz. Elle fréquenta ensuite les cours supérieurs d'interprétation de Paul Badura-Skoda, Carlo Zecchi, Karl Engel et Sergio Lorenzi à Salzburg et à Sienne. Une bourse d'études à l'étranger lui permit d'effectuer un séjour d'un an à Venise. En 1969, elle remporta le prix Bösendorger à Vienne et, en 1979, obtint le premier prix du concours de musique de chambre «Vittorio Gui» à Florence. Pianiste soliste, elle se fit une excellente renommée au gré de nombreux concerts donnés avec de grands orchestres comme l'orchestre symphonique de Vienne, l'orchestre de Mozarteurm de Salzburg, l'orchestre de la Radio Télévision de Moscou, l'orchestre royal philharmonique des Flandres et l'orchestre Gul Benkrain de Lisbonne. Emma Schmidt donna et continue à donner des récitals, des concerts de musique de chambre et des concerts pour la radio et la télévision un peu partout dans le monde. Son passage à Alger fut tout simplement divin! Elle récidivera, dimanche prochain, à Oran, au grand bonheur des mélomanes.