Stratégie n Le ministère de l'Agriculture a décidé de procéder à une plus grande intégration de lait cru dans la production nationale. Cette mesure commence à porter ses fruits puisqu'on note déjà une baisse annuelle de la facture d'importation de la poudre de lait, de l'ordre de 10%. Et le privé s'implique davantage à la faveur des mesures attractives mises en place, selon le directeur général de l'Office national du lait. Intervenant ce mardi matin sur les ondes de la chaîne III, ce dernier a précisé que «seules 12 laiteries du secteur privé n'arrivent toujours pas à intégrer le lait cru dans la production du lait pasteurisé». Parmi celles-ci, certaines sont situées dans des zones géographiques où il n'y a pas d'élevage et où les conditions de collecte sont difficiles. «Ce sont des causes palpables qu'on va prendre en considération pour les aider à intégrer le nouveau dispositif qui est l'avenir de toute la filière.» Pour rappel, le dispositif mis en place en janvier 2011 exige des transformateurs qui y adhèrent, d'intégrer le lait cru dans leur processus de transformation. Une condition, parmi d'autres, liant la laiterie à l'Office national interprofessionnel de lait (ONIL), qui encadre ce dispositif. Le contrat stipule que les laiteries qui renoncent à l'utilisation partielle de la poudre de lait importée bénéficient d'une prime d'intégration de 4 dinars contre 6 dinars pour celles qui abandonnent complètement l'utilisation de cette matière. Les éleveurs ayant choisi d'intégrer ce dispositif touchent, quant à eu, 12 Da par litre. Des difficultés sont toutefois signalées par ces derniers qui réclament l'allégement des procédures mises en œuvre du crédit fédératif. Ils appellent dans ce contexte les transformateurs de céréales à s'impliquer dans l'approvisionnement des éleveurs. «Ce crédit à un taux bonifié constitue un véritable créneau pour l'investissement d'où l'installation du comité interprofessionnel chargé de trouver les solutions à tous les problèmes bloquant le développement rapide des opérations financières», déclare Fethi Messar. Le responsable de l'ONIL tient, en outre, à assurer qu'«il y a une évolution significative concernant le niveau d'intégration du lait cru dans la production». A titre indicatif, il rappelle la quantité de lait cru collectée en 2009 qui était de 300 millions de litres avant de passer à 395 millions en 2010 pour atteindre en juillet 2011 les 340 millions de litres. A ce rythme, M Messar se dit optimiste quant aux quantités à collecter avant la fin de l'année. Il affirme à ce propos s'attendre à une collecte de près de 700 millions de litres à la fin de 2011. «C'est donc une évolution réelle», insiste-t-il. Assia Boucetta n Autres indicatifs positifs relevés par M. Messar : le nombre d'éleveurs ayant adhéré à ce dispositif. Alors qu'ils étaient 14 300 en 2009, ils passent à 17 500 en 2010. Quelque 26 000 éleveurs sont aujourd'hui liés par des contrats avec les transformateurs qui gèrent la subvention de l'Etat accordée à chaque maillon de la filière, apprend-on auprès de l'orateur. Il faut savoir que la marge importante de cette intégration «va dans la production du lait, que ce soit du lait de vache directement consommé par les ménages ou le lait intégré dans la production du LPC. Ce qui nous permet de réduire l'incorporation de la poudre de lait», précise M. Messar. Evoquant enfin la tension qu'a connue le lait pasteurisé récemment, le D.G. de l'ONIL persiste et signe qu'il ne s'agit en aucun cas de pénurie. Mais plutôt «d'une crise de distribution». A. B.