Résumé de la 103e partie n Sur le flacon de poison figurent les empreintes de Laurence qui ne nie pas avoir touché le flacon, mais sans en prélever une partie du contenu... Cependant, il se trouva que les autres n'étaient pas présents ? — Non, mais... — En fait, au cours de l'après-midi entier, vous n'êtes demeuré seul qu'une ou deux minutes, et il se trouve, je dis il se trouve, que c'est pendant ces deux minutes que vous témoignez l'intérêt naturel que vous portez à l'hydrochlorate de strychnine ? Laurence bredouillait d'une façon vraiment pitoyable. — Je... je... Sir Ernest observa d'un air satisfait : — Je n'ai plus rien à vous demander, monsieur Cavendish. Cet interrogatoire serré avait été suivi avec un vif intérêt par toute la cour. Dans l'assistance, des femmes du monde se mirent même à bavarder si fort que le juge menaça avec colère de faire immédiatement évacuer la salle si le silence le plus complet n'était pas strictement observé. Il y eut fort peu d'autres témoignages. Les experts en écriture furent appelés à examiner la signature d'Alfred Inglethorp relevée sur le registre aux poisons du pharmacien, ils furent unanimes à déclarer qu'on était en présence d'un faux, ou peut-être de l'écriture déguisée de l'accusé. A la contre-épreuve, ils reconnurent qu'il pouvait s'agir d'une adroite contrefaçon de l'écriture de l'accusé. Au début de sa plaidoirie, sir Ernest Heavywether fit un court discours, prononcé avec son énergie habituelle. Il n'avait jamais, déclara-t-il, au cours de sa longue expérience, vu une accusation d'assassinat fondée sur des preuves plus superficielles. Non seulement les preuves reposaient sur des objets matériels, mais elles étaient, pour la plupart, fragiles. Le jury ferait bien de noter les témoignages qu'il avait entendus et de les passer au crible avec impartialité. On avait trouvé de la strychnine dans un tiroir de la chambre de l'accusé. Ce tiroir n'étant pas fermé à clef, comme il l'avait fait observer ; et il soutenait que rien ne prouvait que ce soit son client qui y avait dissimulé le poison. I] s'agissait en fait d'une habile manœuvre de la part d'une tierce personne pour incriminer l'accusé. On n'avait pu prouver que c'était lui qui commanda la barbe noire chez Parkson. La querelle qui eut lieu entre l'accusé et sa belle-mère, les embarras financiers de l'accusé avaient été grossièrement exagérés. Son éminent ami (et sir Ernest fit un signe de tête nonchalant dans la direction de Philips) avait dit que si l'accusé était innocent, il se serait empressé de déclarer à l'enquête que c'était lui, et non Mr Inglethorp, qui avait joué un rôle dans la querelle. Sir Ernest croyait que les faits avaient été sciemment présentés sous un faux jour. Voici la vérité : en rentrant à Styles Court le mardi soir, l'accusé rencontra quelqu'un qui lui assura que Mr et Mrs Inglethorp avaient eu une violente querelle. L'accusé n'ayant pas eu un instant l'idée qu'on avait pu prendre sa voix pour celle de Mr Inglethorp, en conclut très naturellement que sa belle-mère avait eu deux disputes au cours de l'après-midi. A suivre D'après Agatha Christie