Au procès, qui se déroule en décembre 1893, il ne niera pas les faits qui lui sont reprochés. — Tu reconnais donc avoir tué le notable de Iguir-Guedmimen ? — Oui, c'était un accident…De toute façon, c'était un usurier ! et, dans notre religion, l'usure est interdite ! — Et ton appartenance à la bande d'Arezki ? — Arezki m'a accueilli, pour cela je lui suis reconnaissant ! — Tu as été pris les armes à la main, tu sais ce que tu risques ? — Oui, mais je n'ai pas peur de mourir ! — Il n' y a pas que la condamnation à mort. Tu risques de passer le reste de ta vie au bagne ! Amara pâlit : — Plutôt la mort que le bagne ! Il sait qu'on ne s'évade pas de Cayenne, la lointaine île où sont envoyés les insurgés algériens… Mais là aussi, il se montre digne : il ne veut pas se donner en spectacle à l'ennemi… — Alors, tu n'as pas peur du bagne ? Il fait, pour la énième fois, la même réponse : «Je suis un homme, je n'ai pas peur de mourir !» A cause de sa jeunesse et de sa franchise aussi, le jury va lui accorder des circonstances atténuantes et il ne sera condamné qu'à dix années de travaux forcés… Arezki al-Bachir, lui, ne bénéficiera pas de la même indulgence. Arrêté quelque temps après, il va être condamné à mort… M. A. Haddadou