Débat n Le cycle des conférences organisées dans le cadre du 16e Salon international du livre d'Alger se poursuit avec des invités de marque du monde du livre. C'est ainsi que la romancière algérienne Malika Mokaddem a animé, hier, une rencontre où elle a centré son intervention sur son écriture et les thématiques qui l'habitent. S'exprimant alors sur son nouveau roman intitulé La désirante, paru aux éditions Grasset, puis chez Casbah édition, Malika Mokaddem, qui se veut aussi démonstrative que contestataire dans ses écrits, dira que son livre s'inscrit dans la continuité, qu'il est le prolongement de son écriture entamée il y a une vingtaine d'année, c'est-à-dire celle portée sur la femme. Effectivement, l'écriture par laquelle la romancière se distingue admirablement et dans laquelle elle s'investit aussi bien sur le plan de l'imaginaire que de l'esthétique, se veut féminine. La condition de la femme, la revendication pour son émancipation et son droit à exister en tant que sujet indépendant et à part entière s'avère un sujet récurrent. Elle met l'accent sur le rapport de la femme à la société, rapport tant sensible que conflictuel. «Mes romans dont le dernier également, ont pour trame la condition de la femme dans une société d'hommes», a-t-elle dit, et d'ajouter : «Dans chacun de mes écrits je porte haut et fort une contestation et une critique sociales.» Ainsi, Malika Mokaddem, qui se dit être une femme engagée par l'écriture, consacre toute son énergie, toute son inspiration et tout son talent d'écrivaine à défendre les droits et la cause de la femme. Elle lutte pour l'émancipation physique et intellectuelle, car, a-t-elle estimé, «la femme est la plus lésée, particulièrement dans nos sociétés». Si Malika Mokaddem évoque dans chacun de ses romans le personnage de la femme, c'est aussi pour parler de la société dans laquelle celui-ci prend place et évolue, souvent difficilement. «Il est vrai que dans mes romans, la revendication féminine est un sujet récurrent, mais derrière ce thème principal, il y a toute une société avec ses paradoxes et ses contradictions. Pour moi, j'ai besoin que les droits des humains soient reconnus pour tous et qu'il y ait une démocratie réelle et pas seulement de façade.» Et ce besoin transparaît également dans son dernier roman où on y retrouve d'emblée la violence des rapports humains. Et à propos aussi de son écriture, elle dira : «Mon écriture est violente parce qu'il y a eu tellement de violence dans ma vie, tellement de révolte, de refus, de rupture…» Ainsi, les traumatismes que l'auteur porte en elle, on les retrouve saillant, on les ressent dans la chair tout au long de son écriture qui se veut virulente, naturelle et parfois choquante. Si Malika Mokaddem use d'un langage violent, abrupt, c'est seulement parce que très tôt, elle a éprouvé le sentiment de réagir, voire de se révolter contre l'inégalité et le mépris. Et de dire : «On écrit que ce qu'on connaît déjà.». Malika Mokaddem affirme, en outre, qu'elle est habitée, creusée au plus profond d'elle-même par le désir des mots, «Et ce sont les mots qui m'ont permis d'écrire, de me révolter, de me libérer» du poids des traditions et du diktat de la société. C'est ce désir des mots, de s'engager corps et âme dans l'écriture qui ont effectivement permis à Malika Mokaddem au tempérament réfractaire, de se libérer, de rompre avec son environnement immédiat, de fuir son espace familial à Kenadsa (Béchar). Désir des mots, désir d'être, d'exister. En effet, «dans ce monde au bord de l'abîme, l'écriture a permis de transformer cette véhémence qui est en moi et qui aurait pu être destructrice, je m'opposais à la violence que je subissais ou que je taisais en moi par l'humour grinçant grâce à la littérature et l'écriture. Les mots des autres m'ont sauvée. Et j'en injecte aujourd'hui les miens». Yacine Idjer Vente dédicace l Dans le stand des éditions Colorset, demain, mardi 27 septembre, de 15h à 18 h : l'auteur Saïd Boutarfa signera son ouvrage Ahelil ou les louanges du Gourara