Liens n Pour la romancière, c'est un acquis, c'est une autre liberté qu'elle conquiert. Malika Mokeddem, romancière, a donné, lundi, une conférence de presse pour présenter son livre Mes hommes paru, en 2005, aux éditions Grasset, ensuite en 2006 aux éditions Sédia dans la collection Mosaïque qu'elle a lancée au mois de juin passé. Cette rencontre intervient à la veille du rendez-vous hebdomadaire, les mercredis du verbe, initié par l'établissement Arts et Culture, et qui se tiendra à la médiathèque des Asphodèles (Ben Aknoun). Malika Mokeddem a déploré que son livre, initialement retenu pour être traduit en arabe, ne l'ait pas été. «Mon livre a été censuré par le ministère de la Culture», dit-elle. Aucune raison n'a été avancée pour justifier ce refus. «D'autres livres qui, initialement ont été retenus pour 2007, ont essuyé un refus de la part du ministère de la Culture, à l'exemple de L'Attentat de Yasmina Khadra et Harraga de Boualem Sansal. Malika Mokeddem pense que si «on est censuré, c'est sûrement parce qu'on prône la liberté et l'esprit critique». «Comment voulez-vous faire connaître notre littérature et ses grands noms si nos textes ne sont pas diffusés, s'ils sont censurés», fulmine-t-elle. «On s'est loupé à cause de non-dits, de pudeurs et d'interdits.» «La censure m'a aussi aidée à me construire. Elle m'a servi d'aiguillon dans mon parcours. Elle m'a fait interroger sur des situations et réfléchir sur la réalité.» Toutefois, elle se réjouit de l'initiative entreprise par les éditeurs marocains qui ont traduit son livre (Mes hommes) en arabe et qui s'y vend, ainsi qu'en Tunisie, dans sa version arabe. Ensuite, elle enchaîne les raisons qui l'ont motivée à écrire Mes hommes, un livre sulfureux et dérangeant à travers lequel elle se dévoile souvent dans un érotisme clinquant. «J'écris pour me faire exister, et l'acte d'écrire est mon ultime liberté», dit-elle, «Mes hommes est un défi supplémentaire». Il s'agit, en fait, pour elle, d'un acquis, une autre liberté qu'elle vient de conquérir, puisque le contenu de son texte, un texte qui fait grincer les dents et contrarier les esprits conformistes ainsi que les âmes faisant dans une pudibonderie débridée, dépeint, dans un réalisme souvent cru et perturbant, ses rapports avec les hommes, des hommes qu'elle a connus et avec qui elle a vécu et eu quelques aventures. En outre, Malika Mokeddem explique que son intention n'était pas de transmettre un message, mais d'en faire une œuvre, un lieu où elle se raconte. Et concernant ses écrits, elle dit tout simplement et humblement que «c'est ce pays, (l'Algérie, qui l'a vu naître et partir) qui m'importe aussi bien avec ses jouissances et ses amitiés qu'avec ses drames et ses larmes». «Tous mes personnages – et toutes mes histoires – sont enracinés dans ce pays que j'aime tant.» Et pour conclure, elle affirme être une écrivaine engagée. «Je suis en effet engagée, puisque l'écriture est un acte politique, une prise de position.» Elle appelle au débat et encourage la critique».