Stature Ali Benflis pouvait être un opposant, mais en aucun cas celui par qui arriveraient des séismes électoraux. Du moins, cette fois-ci. «Même s?il est vainqueur de cette présidentielle, il ne pourra pas mettre en pratique son programme.» Cette phrase, prononcée lors de la campagne électorale par un ex-député du FLN proche du sommet de ce parti, résume, à elle seule, le véritable poids et la marge de man?uvre réelle du candidat Ali Benflis à imposer un changement ou ce qui semble encore plus dur, une alternative politique à l?ordre politique en place depuis des décennies, au cas où il aurait été élu. Issu du système politique qui a toujours gouverné l?Algérie, il a été, pendant près de 33 mois, Chef du gouvernement, ex-directeur de campagne en 1999 de son principal adversaire dans ce scrutin, le président réélu, Abdelaziz Bouteflika, et auparavant ministre de la Justice de la République, le patron du plus vieux parti de la scène politique algérienne pouvait-il se constituer facilement une aura d?opposant crédible avec autant d?étiquettes négatives, sinon de handicaps majeurs aux yeux d?un électorat qui ne croit plus en l?existence d?une opposition au pouvoir en Algérie ? Dans un système politique qui s?est fabriqué depuis l?instauration en Algérie du multipartisme politique une opposition sur mesure et qui la réaménage au gré de la conjoncture et des enjeux pour sa survie, le FLN soi-disant «rénové» ne pouvait jouer que ce rôle de «lièvre» ou de «faire-valoir» démocratique pour un statu quo sans fin. Ayant toujours fonctionné dans le giron des différents pouvoirs en place, il aurait été inconcevable que le FLN bascule authentiquement dans une fonction d?opposition dans un système qui ne fonctionne que par et pour le FLN. Alors, machine électorale ou pas, parti structuré ou pas, avoir des milliers de militants ou aucun, la formation de Ali Benflis ne peut jouer que ce qu?on veut bien lui faire jouer. Mais, en aucun cas, celui d?une véritable opposition capable de provoquer des séismes électoraux.