A mesure que le jour «J» approche, les programmes sont mis aux oubliettes. La campagne électorale tire à sa fin, dans un climat marqué par une escalade de violence et des dérapages qui font craindre le pire. A quelques jours de la tenue du scrutin, la tension est, en effet, montée de plusieurs crans, notamment ces derniers jours où des incidents ont émaillé le déroulement de certains meetings. La confrontation loyale est reléguée au second plan laissant place aux invectives, insultes et accusations. Benflis, Sadi et Djaballah accusent ouvertement Bouteflika et ses partisans d'en être les principaux instigateurs et allant même jusqu'à affirmer que le président-candidat est aux abois et que sa popularité a chuté au point de lui prédire un cuisant échec le 8 avril prochain. D'ailleurs, ces prétendants à la magistrature suprême ne ratent aucune occasion pour descendre en flammes Bouteflika, accusé de mettre l'administration à sa solde. A mesure que le jour «J» s'approche, les programmes sont mis aux oubliettes et l'essentiel de l'intervention de ces candidats est axé sur le président-candidat et ses partisans, coupables, selon eux, de dépassements qui entachent la régularité du scrutin. Cependant, ces mêmes candidats, et à l'inverse des précédentes élections présidentielles, lorsque les concurrents de Bouteflika avaient à la dernière minute jeté l'éponge, continuent sur leur lancée et ne s'avouent nullement vaincus. Seule Louisa Hanoune, qui élude de dénigrer ses adversaires, tente dans ses discours de tempérer les ardeurs et exhorte les autres candidats à faire preuve de sagesse. C'est à couteaux tirés que se déroule cette campagne où Bouteflika ne rate aucune occasion pour mettre la presse indépendante et les journalistes sur le banc des accusés en promettant, au cas où il est réélu, de les mettre au pas, voire de fermer le champ médiatique. Pas une seule fois, Bouteflika n'a omis de tirer à boulets rouges sur cette presse considérée comme l'ennemie jurée du pays et à laquelle il voue une haine viscérale. Cette presse lui rend la monnaie de sa pièce en s'inscrivant en droite ligne contre sa réélection. Durant cette campagne, il est aussi à relever les alliances qui se font et se défont à une allure ininterrompue. Des pro-Benflis qui tournent casaque et des pro-Bouteflika qui versent dans le camp adverse au gré des humeurs ou en quête de profit, une fois leur candidat élu. La neutralité de l'armée a donné plus de piment à cette élection dont les paris restent ouverts et des surprises pourraient survenir le 8 avril contrairement à la présidentielle de 1999. Si lors des précédentes élections, tout le monde donnait Bouteflika vainqueur, cette fois-ci, même s'il part favori, il n'est nullement certain de remporter le scrutin tant les jeux paraissent serrés entre lui et son principal adversaire, Ali Benflis. Les observateurs et certains sondages prédisent d'ailleurs, un second tour qui serait favorable à son rival. Dans tout ce charivari, le citoyen attend, la peur au ventre, en priant pour que le scrutin se déroule dans de bonnes conditions pour que l'Algérie sorte vainqueur et rattrape le retard accumulé pendant toutes ces années.