Résumé de la 3e partie - Quand les elfes rapportent son bâton à la souris, elle en profite pour leur demander la recette de la soupe à la brochette... Et je leur contai toute l'histoire. Vous voyez bien, ajoutai-je, que le roi des souris ni son puissant empire ne sauraient tirer aucun profit de toutes les belles choses dont vous avez orné ma brochette, même si je pouvais les reproduire ; ce serait un charmant spectacle, mais bon seulement pour le dessert, quand on n'a plus faim. Alors le petit elfe plongea son petit doigt dans le calice d'une violette et le promena ensuite sur la brochette : Fais attention, dit-il. Quand tu seras de retour auprès de ton roi, touche son museau de ton bâton, sur lequel tu verras éclore, même au plus froid de l'hiver, les plus belles violettes. Comme cela je t'aurai au moins fait un petit don en récompense de ta complaisance, et même j'y ajouterai encore quelque chose. A ces mots, la souricelle approcha la brochette de l'auguste museau de son souverain et, en effet, le petit bâton se trouva entouré du plus joli bouquet de violettes ; c'était une odeur délicieuse ; mais elle n'était pas du goût de la gent souricière, et le roi ordonna aux souris qui étaient près du foyer de mettre leurs queues sur les restes du feu, pour remplacer cette fade senteur, bonne, dit-il, pour les hommes tout au plus, par une agréable odeur de roussi. Mais, dit alors le roi, le petit elfe n'avait-il pas promis encore autre chose ? Oui, répondit la souris, il a tenu parole. C'est encore une jolie surprise du plus bel effet : «Les violettes, dit-il, c'est pour la vue et l'odorat, je vais maintenant t'accorder quelque chose pour l'ouïe.» Et la souris retourna sa brochette. Les fleurs avaient disparu ; il ne restait plus que le petit morceau de bois. Elle se mit à le mouvoir comme un bâton de chef d'orchestre et à battre la mesure. Dieu ! quelle drôle de musique on entendit ! Ce n'étaient plus les sons divins qui avaient retenti dans la forêt pour le bal des elfes ; c'étaient tous les bruits imaginables qui peuvent se produire dans une cuisine. Les souris étaient tout ouïe. On entendait le pétillement des sarments, le ronflement du four, le bouillonnement de la soupe, le crépitement de la graisse, le bruit continu d'une pièce de viande qui rôtit et se rissole. Soudain on aurait dit qu'un coup de vent venait d'activer le feu, de façon que pots et casseroles débordèrent, et ce qui en tomba sur les charbons fit un grand tintamarre. Puis plus rien, silence complet. Peu à peu commença un léger bruit, comme un chant doux et plaintif ; c'est la bouilloire qui s'échauffe : le son devient plus fort, l'eau entre en ébullition. C'est de nouveau un bacchanal produit par une douzaine de casseroles, les unes en majeur, les autres en mineur. La petite souris brandit son bâton avec une rapidité de plus en plus grande : les pots écument, jettent de gros bouillons qui produisent un gargouillement bruyant ; tout déborde, tout se sauve, c'est comme un sifflement infernal. Puis un nouveau coup de vent passe par la cheminée. Hou ! hah ! quel fracas ! (A suivre...)