Comparaison Il a suffi d?une semaine de combats pour que Falloudja ressemble à Huê. «Les opérations militaires en terrain urbain (à Felloudja) constituent le genre de combat le plus intense. C?est comme à Huê au Vietnam», dit le lieutenant-colonel Brennan Byrne, dans une référence explicite à ce qui s?est passé dans cette ancienne capitale impériale du Vietnam où les troupes américaines avaient mené de féroces combats de rue, en 1968, contre les communistes. Ainsi, ce ne sont pas seulement les hommes politiques américains qui comparent, en cette année de la présidentielle, les hostilités militaires en Irak à celles qui ont prévalu, il y a plus de trois décennies, au Vietnam. Même les militaires présents sur le théâtre des opérations aux abords de la ville martyre de Falloudja n?hésitent plus à faire référence à la confrontation sanglante qui a opposé, au milieu des années 1960, le corps expéditionnaire US aux révolutionnaires vietnamiens. Bref, de l?aveu de ces acteurs militaires américains qui sont sur le champ de bataille, les combats sont devenus plus rudes, sinon plus meurtriers pour les deux parties. Les marines, qui ont participé aux combats ayant abouti à la défaite de l?armée de Saddam Hussein, il y a une année, le reconnaissent volontiers : la résistance des insurgés de Falloudja est plus forte que celle observée lors des combats avec les troupes de la mythique Garde républicaine irakienne. «L?an dernier, on identifiait un objectif, on l?atteignait et on allait dormir, mais là, c?est plus comme une véritable guerre», remarque un marine ayant participé aux affrontements en premières lignes. «Ces gars-là sont déterminés. Un seul homme peut retenir un groupe de soldats», dit un officier de l?air des marines. Il craint de surcroît que les Irakiens ne gagnent la bataille de l?opinion publique, si les combats se poursuivent encore quelque temps. Autrement dit, toute progression militaire s?avère quasiment impossible, tout objectif étant conquis mètre par mètre. Or les locataires de la Maison-Blanche et leurs stratèges militaires s?obstinent à vouloir écraser la résistance irakienne et à remporter la bataille, ce qui s?apparente pour beaucoup à un véritable suicide politique et militaire. Il est vrai que, comme l?a dit un dirigeant vietnamien de l?époque : «L?impérialisme américain est un mauvais élève, il ne retient jamais les leçons.»