L'armée a bombardé une mosquée à Falloujah induisant un véritable massacre. L'armée américaine n'a pas fait dans la demi-mesure en employant un armement lourd contre la ville rebelle de Falloujah coupable d'avoir mutilé quatre Américains, la semaine dernière. Dans leur folie meurtrière, les marines américains ont tué sans distinction. De fait, on retrouve ici la même démarche employée par l'armée d'occupation israélienne contre la résistance palestinienne: raids aériens et exactions de toutes sortes. Hier, une mosquée de Falloujah, un lieu sacré, a été bombardée à partir d'un avion de combat des marines tuant la quarantaine de personnes qui y avaient trouvé refuge. Un marine, le lieutenant-colonel Brennan Byrne confirmant le bombardement de la mosquée affirme à ce propos : «Nous voulions tuer toutes les personnes à l'intérieur.» Toujours à Falloujah, et selon les bilans disponibles hier, une cinquantaine d'Irakiens ont été tués dans la nuit de mardi à mercredi lors de combats violents entre des fedayin irakiens et l'armée américaine puissamment pourvue en armements lourds, notamment des avions et des hélicoptères de combat. En fait, les forces américaines d'occupation se sont engagées sur deux fronts, celui dit du triangle sunnite «Falloujah-Ramadi-Baaqouba» au centre de l'Irak, et le front ouvert contre les radicaux chiites de Moqtada Sadr. Quoique ne voulant pas admettre le fait, l'armée d'occupation de la coalition s'est bel et bien engagée dans deux fronts distincts avec comme objectif l'élimination de tous ceux qui s'opposent à la paix américaine, telle que voulue par l'administration Bush. Une administration aujourd'hui totalement dans l'impasse dans ce conflit ouvert avec les Irakiens. De fait à terme, au vu des tueries délibérées des soldats américains, il ne serait pas étonnant que la coalition récolte le contraire de ce qu'elle attendait et espérait : l'adhésion du peuple irakien à sa politique maximaliste d'utilisation de la force, sans nuance, contre les opposants comme le montrent les scènes de carnages de ces derniers jours lors desquels rien ne fut épargné. En donnant les forces armées de la coalition contre les sunnites et les chiites radicaux, -les deux principales forces politiques de l'Irak post-Saddam Hussein-, le président Bush joue avec le feu et risque de faire retourner l'ensemble du peuple irakien contre des forces qui se voulaient libératrices. En tout état de cause, le bilan de morts Irakiens, lors des trois derniers jours, est très lourd : il se chiffre, selon les sources, entre 160 et 200 morts, alors que le nombre des blessés approche le millier. Rien qu'hier, il y eut 8 morts Irakiens à Kirkouk, dans le Kurdistan, 8 autres à Kerbala au centre, 7 a Sadr City (à Bagdad) 12 à Nassiriyah (nord de Bagdad) ; d'autres morts ont été signalés à Ramadi (triangle sunnite). L'armée américaine a utilisé des hélicoptères de combat à Sadr City, bombardant la population, donnant ainsi l'impression que les forces de la coalition veulent faire plier par la terreur l'ensemble du peuple irakien. Car cette démonstration de force signifie en réalité l'incapacité des forces d'occupation à rallier les Irakiens à leur politique de répression contre l'opposition armée irakienne, induisant ainsi une spirale infernale de la violence, qui rappelle les jour précédents, la chute de Bagdad le 9 avril dernier, voici un an jours pour jour. En fait, cette recrudescence de la violence induite par les attaques de la résistance et les offensives musclées des armées de la coalition implique aussi de fait l'échec des Etats-Unis à imposer leur seule vision pour le devenir de l'Irak. Dès lors, pour les Américains, un an après avoir occupé Bagdad et déboulonné l'ex-dictateur Saddam Hussein, les choses demeurent en l'état, avec quelque part un retour à la case départ. Pendant toute cette année, les sunnites, qui ont constitué la base du pouvoir de Saddam Hussein, qui n'ont pas accepté la défaite n'ont pas cessé de se battre rendant la vie difficile aux forces de la coalition laquelle n'a pas réussi à venir à bout des résistants et de la guérilla qui lui ont occasionné beaucoup de pertes et de dégâts. Depuis dimanche, un second front s'est ouvert avec l'entrée en dissidence du chiite radical Moqtada Sadr, dont la tête est aujourd'hui mise à prix par la coalition. Le général américain Mark Kimmitt fait ainsi de la «mise hors d'état de nuire» du jeune rebelle chiite, son challenge principal, indiquant : «Nous allons attaquer l'Armée du Mehdi, (milices chiites) pour la détruire», affirmant : «Nos opérations d'offensive seront délibérées, elles seront précises, elles seront puissantes et elles réussiront», expliquant : «Si M. Sadr veut réduire la violence et calmer les choses, il peut le faire. Il peut se rendre au poste de police locale et comparaître devant la justice». De fait, ce qui fait la certitude des officiers américains, c'est qu'enfin ils peuvent mettre un nom et un visage sur l'un des ennemis de l'Amérique alors que depuis un an, ils se battent contre un ennemi sans visage. C'est celle-là la différence, savoir contre qui se battre, qui rassure quelque peu l'état-major américain.