De violents accrochages viennent rompre, dans cette banlieue de Bagdad, le calme relatif intervenu après que Moqtada Sadr eut appelé ses partisans, il y a une semaine, à cesser les combats partout en Irak. Quarante Irakiens ont été tués dans de violents affrontements qui opposaient, hier, les GI's et aux combattants chiites dans le quartier de Sadr City, à Bagdad, alors que 11 soldats américains ont péri dans des attaques en Irak durant la même période. Ces décès portent à 992 le nombre total de soldats américains morts en Irak depuis l'invasion du pays en mars 2003. Au moins 730 d'entre eux ont été tués au combat, selon les chiffres du Pentagone. Ces violents accrochages viennent rompre dans cette banlieue, la plus démunie de Bagdad, un calme relatif depuis plusieurs jours intervenu après que le chef radical chiite Moqtada Sadr eut appelé, il y a une semaine, ses partisans à cesser les combats partout en Irak. Un porte-parole américain, le lieutenant-colonel James Hutton, a confirmé que les forces américaines avaient été la cible d'engins piégés et d'attaques à l'arme légère dans ce quartier, ville dans la ville, où sont concentrés les chiites parmi les plus déshérités et partisans de Moqtada Sadr dont le père, une vraie autorité religieuse, avait été assassiné par Saddam Hussein. Les Américains, qui avaient laissé filer Moqtada Sadr de Nadjaf, à la demande express des autorités intérimaires de Bagdad, notamment le Premier ministre, un chiite, comptent cette fois mettre le grappin sur ce remuant chef inculte au plan religieux, mais très populaire et capable d'entraîner toute la jeunesse chiite pour laquelle il est une icône. Les chars américains, Humves et Abrahams, étaient dans la rue principale du quartier Al-Chouader, sur la place Al-Hay, près du bureau de Moqtada Sadr. Des ambulances sont en veille dans les rues avoisinantes désertes, tandis que des avions de chasse survolaient le quartier. Il s'agit des plus intenses bombardements avec des hélicoptères et des avions contre Sadr City depuis l'arrivée des forces américaines en Irak (mars 2003). Pourtant une trêve avait été signée entre Moqtada Sadr et les Américains et des rencontres ont eu lieu avec le bureau du Premier ministre Allaoui. Les négociations entre le gouvernement irakien et Moqtada Sadr ont été interrompues le 2 septembre, car ce dernier insistait à ce que les troupes américaines soient interdites d'entrée à Sadr City, sauf pour des fins de reconstruction ou si le gouvernement le leur demande. L'accord en gestation portait aussi sur le désarmement de l'Armée du Mehdi et la libération de tous les combattants capturés. Enfin, le gouvernement s'engageait à installer les services essentiels dans cette banlieue défavorisée qui manque d'eau potable, d'égouts et d'électricité. À Bagdad, le wali de la capitale a échappé, hier, à un attentat à l'explosif qui a fait deux morts dans l'ouest de la capitale, tandis que l'adjoint au directeur d'un hôpital a été tué par balle par des hommes masqués. Dans le nord de l'Irak, un fils du wali de la province de Ninive a été également assassiné par balle, hier, à Mossoul, chef-lieu de cette région. Le prédécesseur du gouverneur avait été assassiné en juillet. Les combats se poursuivent à Falloudja, ville sunnite suspectée d'abriter tous les terrorismes en activité en Irak. Sept marines ont aussi péri dans un attentat à l'explosif dans ce bastion de la guérilla sunnite, à 50 km à l'ouest de Bagdad. D. B.