Constat - Le mode alimentaire des Algériens est marqué par une forte consommation de céréales et un déficit en fruits et légumes. Il doit être révisé «en urgence» vu les risques qu'il génère sur la santé publique, ont recommandé hier, dimanche, des experts. «Il est temps d'agir rapidement pour ajuster notre mode alimentaire», a insisté M. Chérif Omari, enseignant et chercheur à l'Ecole nationale supérieure agronomique (ENSA) lors d'une journée d'étude sur la sécurité alimentaire, organisée à l'occasion de la journée mondiale de l'Alimentation. En Algérie, la consommation par habitant et par an de céréales a atteint 200 kg en 2010 contre une moyenne mondiale de 66 kg. Il est prévu qu'en 2020, l'Algérien en consommera 220 kg/an. Plus de 50% des dépenses des ménages sont orientées vers les produits soutenus par l'Etat (céréales, laits, huiles, sucre), au regard de la cherté des autres aliments, notamment les fruits et légumes, ajoute M. Omari. «Ce comportement alimentaire peut générer des maladies dites des pays riches ou de la famine cachée, telles que le diabète, l'obésité, le cholestérol et les maladies cardiovasculaires», indique M. Omari. «Il est nécessaire aujourd'hui de corriger et d'équilibrer la ration alimentaire des Algériens en apportant beaucoup plus de fruits et légumes, et de protéines d'origine animale», a-t-il recommandé. L'autre constat «négatif» de ce régime de consommation (algérien) est que les dépenses alimentaires se font au détriment des dépenses sur l'éducation et les loisirs. Les céréales représentent, en valeur, 36% des importations alimentaires algériennes, a t-il dit. Concernant les besoins énergétiques, l'Algérien consomme 3.000 kilocalories par jour contre un minimum de 1800 décrété par l'OMS, ce qui explique que « les Algériens ne souffrent pas de la malnutrition, mais plutôt d'une mauvaise alimentation », constate ce chercheur. M. Omari estime, par ailleurs, que cette situation nécessite un travail de sensibilisation, de vulgarisation et d'éducation portant notamment sur la constitution nutritive des produits alimentaires. Il a recommandé des enquêtes alimentaires et un développement des systèmes d'information sur les situations nutritionnelles des Algériens. Concernant les indicateurs nutritionnels, l'Algérie s'améliore de plus en plus. Selon la dernière enquête en date de 2006, la prévalence de la malnutrition en Algérie est estimé à 3,7 contre 10 en 2002, selon la chargée du programme national de nutrition au ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, Dr. Fodil Cherif Zakia. Cependant, tout en continuant à dépister les cas de malnutrition, le ministère se penche sur un autre défi, celui du surpoids et l'obésité, à travers un programme national, qui s'occupe des maladies non transmissibles et des facteurs de risques.