Détresse - 10 000 Maghrébins qui ont pu rejoindre l'Italie par voie maritime sont actuellement en situation irrégulière en Italie. Si des harragas chanceux sont parvenus sur les côtes italiennes ou espagnoles pour connaître des lendemains meilleurs, d'autres, en revanche, ont vu leur vie se transformer en un interminable cauchemar. «De nombreux harragas ont pu atteindre la rive nord de la Méditerranée, mais y sont bloqués. Ne disposant pas de moyens ni de ressources pour revenir dans leurs pays, ils sont contraints de vivre dans la clandestinité. Et, faute de travail, notamment à cause de la crise financière qui touche le continent européen, ces jeunes sont obligés parfois de recourir au vol pour vivre», a indiqué Noreddine Sbia, président du Forum algérien pour la citoyenneté et la modernité (Facm). Cela pour dire que le continent européen tel qu'imaginé par les jeunes harragas, n'est pas cet eldorado que décrivent ceux qui en reviennent avec des «bolides» et de «belles blondes». «Nos jeunes sont impressionnés à la vue des émigrés durant les vacances en été. Mais il faut bien comprendre que ces émigrés ne reflètent pas la réalité de la vie en Europe.» Certains louent des véhicules pour passer des vacances au pays et peuvent se permettre de grosses dépenses, grâce à la différence dans la conversion euro/dinar algérien. Mais là-bas certains d'entre eux mènent une vie difficile», estime un des experts du Facm. 10 000 Maghrébins sont actuellement en situation irrégulière en Italie, a indiqué Saïb Mohamed Musette, principal auteur d'un projet sur le trafic des migrants du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc et Libye) vers l'Italie. Certes, le phénomène de la migration irrégulière est inquantifiable, mais on peut dire qu'en moyenne 10 000 migrants maghrébins sont en situation irrégulière en Italie. Dans le même sillage, M. Musette, également chercheur au Centre de recherche en économie appliquée au développement (Cread) et membre de la Facm, a indiqué qu'il est très difficile de quantifier ce phénomène. «Chaque institution a ses propres chiffres concernant la migration irrégulière. Les services de police et de la gendarmerie ont les leurs, selon le nombre de personnes qu'ils ont arrêtées avant qu'elles ne hissent les voiles, les gardes-côtes ont les leurs, partant du nombre des migrants arrêtés en pleine mer.» «De l'autre côté de la Méditerranée, les statistiques diffèrent aussi», a-t-il expliqué. «Les gardes-côtes italiens, par exemple, ont des chiffres qui diffèrent de ceux de la police et des centres de rétention. Il est donc très difficile de donner le nombre exact des candidats à l'émigration et ceux des migrants», a-t-il ajouté. Selon le même chercheur, le seul moyen qui permettra de donner un chiffre exact sur ce phénomène est la régularisation des sans-papiers. 30% des Algériens désirent quitter leur pays «30% des Algériens des deux sexes ont un projet migratoire», a affirmé Saïb Mohamed Musette, principal auteur d'un projet sur le trafic des migrants du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc et Libye) vers l'Italie. Toutefois, il a tenu à préciser que ceux qui prennent la décision de partir et qui exécutent leur plan sont beaucoup moins nombreux.