Résumé de la 177e partie - On fait produire les premiers témoins de l'accusation. Tous chargent Sacco et Vanzetti, tous les ont vus tirer sur les voitures et les convoyeurs. Un autre témoin : un garde-barrière. Juste après le hold-up, il a vu passer la Buick qui transportait les malfaiteurs et leur butin. — La voiture roulait très vite, dit-il. Elle voulait passer, mais comme un train était en vue, je l'ai arrêtée. Le chauffeur a protesté et m'a crié d'ouvrir la barrière. Je lui ai répondu que c'était impossible. Dès que j'ai ouvert la barrière, il est passé en trombe. Je croyais qu'il cherchait à me renverser ! — Pouvez-vous décrire ce chauffeur ? demande le président. — Oui, votre honneur. C'est un homme de type méditerranéen, brun, avec une longue moustache. — Ce chauffeur est-il là, parmi les accusés ? — Oui, votre honneur ! — Pouvez-vous le désigner du doigt ? — Oui, votre honneur ! Le garde-barrière désigne, sans hésiter, Vanzetti. Le président se retourne vers l'avocat de la défense et lui dit : — Le témoin est à vous, vous pouvez l'interroger. Comme c'est le cas avec Lola Andrews, Moore va se perdre dans les détails futiles. En tout cas, il ne pose pas les questions qu'il faut. Est-ce que le chauffeur, en parlant, avait un fort accent italien comme Vanzetti ou alors parlait-il une langue correcte ? Et, plus grave, il ne relève pas le fait que Vanzetti ne sait pas conduire. Or, selon le témoignage du garde-barrière même, le conducteur de la Buick semblait bien maîtriser son véhicule… L'audience qui suit va être consacrée aux rapports des experts en balistique. La vedette du jour est le capitaine Proctor, policier connu qui, à un âge avancé, s'est spécialisé dans les armes à feu, lisant pratiquement tout ce qui a été écrit sur le sujet et ayant réalisé de nombreuses expériences. Dans le premier procès, celui de Vanzetti, il a déjà examiné l'arme et les balles trouvées en possession de l'accusé et il a déclaré qu'elles sont du même type que les douilles ramassées sur le lieu de l'attaque, ce qui a permis de faire condamner Vanzetti à douze années de prison. Aujourd'hui, il s'agit de savoir si ce sont les balles qui ont tué les deux convoyeurs de South Braintree. Tout le monde dans la salle retient son souffle quand Proctor est appelé à la barre. Les douze jurés regardent d'un œil curieux l'homme qui avance : ils savent, comme tous les autres, que l'issue du procès tiendra à ses déclarations. Le président lui demande : — Etes-vous expert en balistique ? — Oui, votre honneur ! — C'est à vous qu'on a fait appel dans cette affaire. — Oui, votre honneur. — Vous avez examiné les douilles retrouvées le jour du hold-up, vous avez examiné aussi la balle retirée du corps de la victime ? — Oui, votre honneur. J'ai été le premier à examiner les douilles retrouvées sur les lieux du crime ainsi que les balles retirées des corps victimes et les armes des accusés. (A suivre...)