Résumé de la 5e partie n Le second procès, celui du hold-up de South Braintree, est plus attendu que le premier : ici, il y a eu mort d'homme et les accusés risquent la peine capitale. L'audience du 7 juin 1921 est consacrée à l'audition des témoins de l'accusation. Le premier, Lewis Wade, est un homme respectable, ou du moins présenté comme tel. Après avoir décliné son identité, son âge, sa profession et juré de dire la vérité, toute la vérité, il désigne Sacco du doigt et déclare, sans hésitation : — C'est cet homme qui a tiré sur Berandeli. — Vous êtes sûr de l'avoir vu tirer sur Berandeli ? — Oui, votre honneur, j'en suis sûr. Deux employées de la fabrique de chaussures sont appelées à leur tour. Au moment du hold-up sanglant, elles étaient dans leur bureau, à l'étage et, aux premiers coups de feu, elles sont sorties au balcon. Elles ont eu le temps de reconnaître l'un des agresseurs. — Pouvez-vous nous le désigner ?, demande le président. — Oui, votre honneur, c'est celui-là ! Et elles désignent Sacco. Une autre femme, Lola Andrews, reconnaît également Sacco. — Je l'ai entendu parler avec son complice que je n'ai pu, malheureusement, bien voir. L'avocat Fred Moore va essayer de la pousser à se contredire, mais il n'y parviendra pas. En revanche, comme on le lui reprochera plus tard, il ne songe pas à demander au témoin si Sacco, qu'elle a cru identifier, parlait en anglais ou en italien avec son prétendu complice. Et si c'est en anglais, s'agissait-il d'une langue correcte et sans accent, ou alors d'une langue avec un accent italien, comme c'est le cas pour les immigrants de fraîche date ? Un autre témoin est garde-barrière. Juste après le hold-up, il a vu passer la Buick qui transportait les malfaiteurs et leur butin. — La voiture roulait très vite, dit-il, et voulait passer, mais comme un train était en vue, je l'ai arrêtée. Le chauffeur a protesté, puis il est passé après l'ouverture de la barrière. — Pouvez-vous décrire ce chauffeur ?, demande le président. — Oui, votre honneur. C'est un homme de type méditerranéen, brun, avec une longue moustache. — Ce chauffeur est-il là, parmi les accusés ? — Oui, votre honneur ! — Pouvez-vous le désigner du doigt ? Le garde-barrière désigne, sans hésiter, Vanzetti. Le président se retourne vers l'avocat de la défense et lui dit : — Le témoin est à vous, vous pouvez l'interroger. Comme c'est le cas avec Lola Andrews, Moore va se perdre dans des détails futiles. En tout cas, il ne pose pas les questions qu'il faut. Le chauffeur, en parlant, avait un fort accent italien comme Vanzetti ou alors parlait-il une langue correcte ? Et, plus grave, il ne relève pas le fait que Vanzetti ne sait pas conduire. Or, selon le témoignage du garde-barrière même, le conducteur de la Buick semblait bien maîtriser son véhicule (à suivre...)