Présentation Samira Negrouche est une jeune poétesse. Dans ses poèmes, elle se dit, se révèle et s?affirme. Mais aussi elle se cherche dans une quête de soi, de l?autre. InfoSoir : Faiblesse n?est pas de dire? est votre premier recueil. Comment est née cette poésie ? Samira Negrouche : Cette poésie est née en fait de plusieurs années d?écriture, ce sont des écrits de jeunesse et même d?enfance et d?adolescence, et à partir d?un moment, le désir d?aller encore plus loin dans la poésie me demandait de les faire éditer. Cela a été, en réalité, un pur hasard. J?ai voulu recueillir quelques textes que je pensais être mes préférés à l?époque, et qui se sont retrouvés dans ce recueil qui a été intitulé Faiblesse n?est pas de dire. Vous y parlez de vous. Je parle beaucoup de moi, en effet. Dans ce premier recueil, il existe une espèce de parole de soi, de la façon la plus simple, et la plus sincère qui soit sans qu?il y ait souvent aucune autre recherche derrière cette envie de se dire. Et en tant que femme. En tant que femme, en tant que jeune, en tant qu?Algérienne, c?est-à-dire en tant que ce que j?étais à l?époque, et en tant que ce que je suis, en gros, aujourd?hui. C?est une façon de me déterminer dans mon moi identitaire féminin. Dans votre deuxième recueil, L?opéra cosmique, il y a énormément d?érotisme. Dans cette poésie, il y a eu cette envie, à un moment donné, de pouvoir couper avec ce que j?avais été. Donc à partir du moment où j?avais extériorisé ce qu?il y avait en moi par le fait que ça ne m?appartenait plus, ça m?a permis d?avoir le recul de la non-appartenance à cette première étape même si elle fait partie de moi, car si j?avais mis de côté mes premiers poèmes et si je ne les avais pas édités, je crois que je n?aurais pas pu passer à une autre écriture. J?ai pu alors passer à L?opéra cosmique, une poésie charnelle, où il y a de l?érotisme, où j?aborde le rapport du corps au corps, le rapport du corps à l?environnement. Chaque chapitre porte le nom d?une ville. Pourquoi ? Ça, c?était aussi une histoire de désir de voyage, des voyages qui ont eu lieu, ce désir de vouloir appartenir à soi, mais parfois aussi se donner à l?autre, c?est cette espèce de symbolique du voyage et de ces villes. Ode à Grenade sont des poèmes dédiés à l?être cher. Grenade est une histoire d?amour, et ode c?est ce qu?on a envie de dire à l?être qu?on aime. Et L?opéra cosmique, c?est le titre de l?être qu?on a aimé et qui a choisi ce titre. Elle signifie ce moment de pure extase où rien n?est plus important que de danser en soi, et de penser que tout nous appartient que tout est un opéra et que cet opéra est notre espace, c?est qu?on a le loisir d?y danser et d?y chanter comme on veut. Qu?est-ce que la poésie pour vous ? La poésie est une écriture en quête. En quête de soi au départ, et aujourd?hui en quête surtout de formes d?écriture, de jeux d?écriture, de raison d?écriture, même si ce n?est pas nécessaire d?avoir une raison d?écrire. C?est toujours ce besoin d?être sincère et de dire réellement ce que l?on pense, ce qui nous chagrine, ce qui nous émeut. Vous participerez, prochainement, à une rencontre autour de la poésie à la Sorbonne, à Paris. Juste par une présence de texte. Vous savez, cette année, ce sont les 150 ans de Rimbaud et, à cette occasion, la Sorbonne organise un colloque où il va être édité une anthologie intitulée : J?ai embrassé l?aube d?été. il y a une dizaine d?auteurs qui ont écrit de la poésie en hommage à Rimbaud. Qu?en est-il de la poésie chez nous ? Il y a beaucoup de choses à dire. D?abord, c?est un miracle qu?il y ait encore des poètes, dans le monde entier d?ailleurs. Un poète a dit un jour : «Le poète est une race en voie de disparition.» En fait, la poésie a réussi à se frayer un chemin, même, et surtout, quand la situation est difficile. Et la poésie en Algérie irait en s?améliorant si on donnait plus de possibilité à l?édition de la poésie, plus de possibilité, plus d?ouverture à la traduction de la poésie, parce qu?on est un peuple à plusieurs langues, à plusieurs sensibilités et tout cela il faut en tenir compte. Y a-t-il un renouveau ? Ces derniers temps nous avons ressenti un renouveau vu que nous sortons de l?ombre, en organisant des manifestations sur la scène culturelle. Ainsi nous donnons à d?autres personnes l?espoir de se dire. Il existe encore des personnes avec lesquelles nous pouvons discuter et échanger des propos.