De Béjaïa Epilogue - Le colloque portant sur «Les expériences théâtrales, parcours et empreintes», organisé pendant trois jours en marge de la 3e édition du Festival international de théâtre, a pris fin, jeudi, à Béjaïa. A l'issue de cette rencontre scientifique, des recommandations ont été formulées pour la prochaine édition. L'une d'elles est d'organiser désormais le festival à Béjaïa. L'autre importante recommandation est de concentrer la réflexion, lors de la 4e édition du festival, sur la question de l'archivage du théâtre algérien. «Le plus important est d'organiser, lors de la prochaine édition, un colloque scientifique portant sur l'archivage du théâtre algérien», dira Nassreddine Khellaf, critique d'art et directeur du colloque, qui estime que «franchement par rapport aux éditions précédentes, on s'est éloignés cette fois-ci du théâtre algérien et de sa problématique. On ne lui a pas donné sa portée scientifique». Nassreddine Khellaf, pour qui le patrimoine algérien est grand et riche, d'où la nécessité de s'y arrêter pour l'étudier, explique que «ce qui menace le théâtre algérien, c'est l'emprise de l'oralité». Autrement dit, les principes scientifiques sont fondés sur l'oralité. En outre, «Il n'y a pas un travail écrit sur ce qui se fait actuellement, et même s'il y en a, il n'existe pas encore un travail de collecte, de classification ou d'archivisation.» En plus, les textes théâtraux – ce ne sont pas les textes écrits, mais bien au contraire ceux qui sont présentés sur les planches, c'est-à-dire le jeu théâtral – sont absents. «Il n'y a pas d'enregistrements visuels. En l'absence de ces textes, la question se pose : comment juger et évaluer ce théâtre ? d'où la nécessité de constituer un fonds de documentation ou une banque de données.»A la question de savoir s'il existe des tentatives de travail concernant l'archivage, Nassreddine Khellaf répondra : «Il y a effectivement des tentatives allant dans ce sens. Il y a également des laboratoires de recherche au niveau d'Oran, Annaba et Alger qui se consacrent à la recherche et à la réflexion, mais ils restent toujours insuffisants, parce que la pratique théâtrale s'étend à tout le territoire. Il y a plusieurs troupes théâtrales qui agissent partout en Algérie. On essaie de collecter les documents et de les archiver. Il faut récupérer cette mémoire et la préserver.» Mais est-ce qu'il y a vraiment des expériences théâtrales en Algérie ? «Des spécialistes internationaux parlent de l'expérience de Abdelkader Alloula, preuve qu'il y a des expériences théâtrales ; il y en a d'autres, mais elles ne sont pas connues, parce qu'elles ne sont pas encore théorisées. Il y a un fonds, des expériences et il reste seulement à opérer un travail de recherche et de réflexion.» «Nous les Algériens, nous méprisons nos expériences théâtrales. Nous ne valorisons pas notre travail. Nous avons la tête toujours tournée vers l'Europe, l'Afrique ou les pays arabes. Nous ne voyons pas ce qui se fait chez nous, l'énorme travail que nous faisons» regrette Nassereddine Khellaf. «En effet, pour que le théâtre algérien continue à exister et à s'inscrire dans une pratique dynamique et continuellement renouvelée, pour qu'il soit toujours fonctionnel, nous devons croire en ce que nous faisons et nous entreprenons. Nous devons croire que le théâtre est capable de changer. Il faut que le théâtre pénètre dans les écoles, sinon il restera dans une impasse, sur une seule voie, un simple divertissement seulement pour passer le temps et non pas pour s'instruire.»Il ne suffit pas alors d'ouvrir des espaces. «Il faut construire des théâtres en nous, à l'intérieur de nous», conclut-il.