Profits - Dans cette zone d'élevage ovin par excellence, beaucoup d'habitants profitent de l'Aïd el-Adha pour réaliser de fructueuses affaires. Fins connaisseurs, de nombreux citoyens de la localité de Ouled Abdallah, dans la commune de Ouled Madhi à 10 km du chef-lieu de wilaya, s'imposent en habiles intermédiaires sur les marchés à bestiaux. Rompus au négoce, ils s'y présentent dès les aurores pour y acheter un nombre de bêtes en fonction de leur bourse, qu'ils revendent sur place avec des marges allant de 1 000 à 2 000 dinars par tête. En fin de journée, ils reviennent chez eux avec des bénéficies nets qui peuvent atteindre, selon Abdelmadjid, âgé de 28 ans et maquignon à ses heures, jusqu'à 20 000 DA. Les plus habiles peuvent réaliser bien plus en une seule journée sur un grand marché, affirme-t-il. Rencontré au marché hebdomadaire à bestiaux de Ouled Madhi, Saïd, un jeune originaire de Ouled Abdallah, affirme qu'un mouton vendu la matinée à 20 000 DA a été revendu «sous (ses) yeux», un peu plus tard, à 35 000 DA par un intermédiaire. Activité lucrative s'il en est, ce métier d'intermédiaire est souvent l'apanage de gens résidant dans une localité voisine d'un marché hebdomadaire à bestiaux. Ces derniers refusent à tout autre intrus le droit de pratiquer l'intermédiation sur leur «terrain de chasse». Un droit défendu parfois par la «force des bras» donnant lieu à des altercations dont l'ampleur peut même conduire à un gel des activités du marché pendant plusieurs heures. Certains autres jeunes ayant la chance de disposer d'un véhicule utilitaire, achètent des moutons sur les grands marchés à bestiaux de la wilaya de M'sila et se déplacent vers les grandes villes où ils les revendent avec des marges pouvant atteindre 5 000 DA par tête et sans craindre de faire face à un problème d'invendus, la demande étant en cette période particulièrement forte. Autre fait nouveau, dans nombre de villages du Hodna, certaines femmes prennent l'initiative d'acheter de petits troupeaux de moutons quelques semaines avant l'Aïd. Elles les entretiennent, les engraissent avec soin, pour les revendre ensuite avec des marges tout aussi conséquentes, quelques jours avant la date de l'immolation. Des fonctionnaires, travaillant dans l'administration ou dans des entreprises locales, profitent également de cette fête pour agrémenter leurs mensualités en proposant à leurs collègues le service de leur acheter des moutons livrables à domicile, le jour souhaité, en contrepartie de petites marges compensant leurs efforts, question de se faire quelques milliers de dinars. Moins scrupuleux, d'autres amateurs de gains rapides, en cette période de forte demande, parquent des moutons un ou deux mois avant la fête pour les engraisser avec des aliments de volailles. Une méthode qui «arrondit» les bêtes aussi rapidement que les fins de mois des intéressés ! Leurs «victimes», généralement des citadins peu connaisseurs, ne découvrent la supercherie que lorsqu'ils allument leurs braseros et trouvent leur viande si fade qu'elle est pratiquement immangeable. Les fins connaisseurs, eux, s'y connaissent pour repérer la «bonne bête» en se basant sur la couleur blanchâtre de sa toison et l'odeur fétide qui s'en dégage. De nombreux jeunes futés, habitant à proximité des marchés à bestiaux, proposent en outre aux maquignons un service de gardiennage pour assurer la sécurité de leurs moutons, voire leur «protection contre les risques d'agression». Le gardien d'un troupeau peut ainsi gagner jusqu'à 2 000 DA par jour. D'autres jeunes sont parfois aperçus aux côtés de gros maquignons, procédant avec une rapidité prodigieuse, moyennant un confortable pourboire, au comptage et à la vérification des billets de banque pour éviter à leur employeur d'un jour de tomber dans les filets des faux-monnayeurs qui, souvent, profitent de la fébrilité ambiante à pareille époque pour écouler de faux billets.