Vestiges Ce site historique se meurt chaque jour un peu plus, après avoir connu des temps de splendeur. Napoléon III y avait séjourné. Les travaux de restauration du plus grand site touristique du pourtour oranais, constituant une référence archéologique et architecturale du XIVe siècle, tardent à se réaliser. Près de la moitié des vestiges toujours debout menacent ruine. Fouilles excessives et incontrôlées, ajoutées au manque de moyens, se sont conjuguées pour accélérer le délabrement du site. Aujourd?hui, des citoyens pensent plus à protéger le palais du Bey qu?à engager de nouvelles campagnes. Après la construction du palais en 1341 par le sultan Abou el-Hassan el-Merini et l?enthousiasme des artisans de l?époque, l?incomparable patrimoine du palais du Bey est aujourd?hui lourd à gérer. Le manque de compétence, la mauvaise gestion et les inévitables déprédations dues aux intempéries entraînent lentement la cité des Beys vers une inexorable disparition. Devenu Rosalacazar en 1509 et résidence du gouverneur espagnol, «el-kasr el-ahmar», comme inscrit sur des plaques de ponce et de lapilli, attend comme une photographie entre les pages d?un livre? inexistant. Chaque année, 15% des vestiges disparaissent. Les trottoirs sont défoncés, les plâtres se décollent à cause de l?humidité, les murs s?érodent sous l?effet du vent, les peintures se fanent et se craquellent. Ancien hôtel de la division coloniale qui accueillit Napoléon III en 1865, Kasr el-Bey subit les assauts des mauvaises restaurations et du ciment mal dosé. De véritables trésors attendent d?être à l?abri des intempéries. Ce joyau architectural a été reconstruit par le bey Mohamed Ben Othmane el-Kebir en 1792, après le départ des Espagnols. Au-dessus d?un des dix bastions, des faïences de l?époque ont «disparu» ; des mosaïques sont piétinées. En effet, les restaurations, souvent engagées à grands frais, manquent de suivi et d?entretien en l?absence de spécialistes en restauration. Des renseignements sur des moments précis de l?histoire ne sont pas mis à profit. «Pour les nombreuses opérations de restauration du palais, le matériel, incomparable, extrait du site, n?est pas toujours utilisable et prend souvent des destinations inconnues. Des objets manquent pour l'établissement des statistiques. On ne peut dresser l?itinéraire complet que de quelques vestiges mis au jour depuis une vingtaine d?années», nous explique-t-on. Napoléon III, lors de sa visite au palais du Bey, regrettait déjà que «les fouilles n?aient pas été faites méthodiquement par des mineurs français». De restaurations souvent sommaires en vols et déprédations, Kasr el-Bey, site historique périssable, ne préoccupe que rarement les hommes de culture.