Résumé de la 10e partie - Au début, Mary est pleine d'assurance, mais bientôt une angoisse l'envahit. A-t-elle subitement compris les conséquences de ses actes ? La rouerie de Mary Bell a pourtant ses limites. Si, jusqu'à la fin du procès, elle parvient à laisser planer le doute sur la mort de Martin Brown, en revanche, tout est parfaitement clair pour Brian Howe : c'est elle seule qui l'a tué, Norma ayant sans doute participé à sa tonsure avec les ciseaux et aux coups de lame sur son ventre après sa mort. Mais quand on quitte le domaine des faits pour s'interroger sur l'état mental de la jeune meurtrière, les choses deviennent beaucoup moins évidentes. D'abord, en raison de son âge même. La notion de mort n'a pas la même signification pour un enfant de onze ans que pour des adultes et c'est ce qui fait le côté irréel de ce procès. Au fond, pour elle, tout n'a été qu'un jeu, un jeu macabre, mais un jeu. Mary n'a sans doute pas compris que ce qu'elle faisait, elle le faisait vraiment. Elle a agi pour se procurer des sensations, mais il n'est pas sûr qu'elle ait fait la liaison entre ces sensations et les conséquences de ses actes. Ensuite, la question principale est de savoir si Mary Bell est saine d'esprit, si elle est responsable. La déposition du premier psychiatre, le Dr Orton, va dans le sens de la maladie : — J'affirme, Votre Honneur, qu'elle souffre d'un dérangement de l'esprit provoquant une conduite anormalement agressive ou hautement irresponsable et nécessitant un traitement médical. Le président Cusack : — Quels en sont les symptômes ? — Premièrement, une absence de sentiments à l'égard des autres êtres humains, deuxièmement, une disposition à agir au gré de son impulsion et sans préméditation ; troisièmement, l'absence de remords devant ce qu'on a fait ; quatrièmement, l'incapacité de profiter de l'expérience, y compris celle de réagir au châtiment. — Mais elle n'a pas d'aliénation au sens habituel du terme ? — Non. L'examen ne révèle chez elle aucun signe de maladie mentale, telle que la schizophrénie ou la dépression, ni de déficience intellectuelle. Elle est, au contraire, d'une intelligence bien au-dessus de la moyenne... Et le Dr Orton conclut : — Je pense que cette fille n'est pas normale du point de vue mental. Elle présente une personnalité psychopathe, ce qui est de nature à affaiblir considérablement sa responsabilité. Le président revient alors sur un point moins important pour la culpabilité de Mary que pour celle de Norma : — Croyez-vous que Mary Bell ait un caractère dominateur ? — Oui, je le crois. — Est-elle ce que les psychiatres appelleraient un manipulateur ? — Oui, Votre Honneur... Cela confirme ce dont on se doutait depuis longtemps. Les deux filles présentes côte à côte dans le tribunal sont loin d'avoir la même envergure. Norma totalement dominée par Mary, s'est laissé entraîner par elle. Elle n'a fait qu'assister en témoin aux crimes de sa cadette... Le second expert psychiatre, le Dr Westbury, aboutit aux mêmes conclusions sur l'état pathologique de Mary Bell et l'attribue à une arriération d'origine héréditaire. A la demande du défenseur de Norma il confirme, lui aussi, que Mary est «manipulatrice et tyrannique Mary, d'habitude très calme, réagit très vivement au terme «tyrannique». Elle profère des menaces indistinctes. Le président décide de ne pas y faire attention et continue l'interrogatoire du psychiatre. — Est-elle violente ? — Oui, Votre Honneur. — Est-elle dangereuse ? — Très dangereuse, Votre Honneur. (A suivre...)