Pierre Péan Il est connu pour être un enquêteur tenace, à l?esprit indépendant, n?hésitant pas parfois à bousculer l?ordre établi et à écrire à rebrousse-poil de l?histoire. L?Extrémiste François Genoud, de Hitler à Carlos, livre sorti en 1996, est assurément à inscrire dans ce registre, tant il retrace la vie de François Genoud, qui a eu à fréquenter des hommes ayant marqué de nombreux conflits révolutionnaires. Pas seulement toutefois, car en nazi convaincu, il a joué un rôle indéniable pour l?exfiltration de nombreux officiers nazis après la Seconde Guerre mondiale. François Genoud était un national-socialiste, il ne s?en cachera pas durant toute sa vie. Ainsi, après avoir été un admirateur patenté de l?ordonnateur en chef de la «solution finale» lors d?un conflit qui a marqué le monde, il épouse sans transition les combats du tiers-monde. Ce livre, dont on a dit lors sa sortie qu?il a été écrit sous la dictée du Lausannois Genoud, est, en réalité, le résultat de nombreuses recherches et rencontres de l?auteur avec François Genoud et bien d?autres personnes ayant gravité autour de lui. Disons d?emblée que Pierre Péan n?a pas toujours bonne presse, tant il se singularise par un travail à contre-courant de la pensée généralement véhiculée en France. Et cette biographie l?est encore plus, tant elle est une plongée en apnée dans la vie par trop mouvementée d?un nazi très singulier. Un homme qui a fait de sa vie un combat permanent contre les différents colonialismes. Cet homme, qui a mis bien des services de renseignements sur les dents, a sympathisé avec la cause arabe en général et palestinienne en particulier dès 1936, à la suite de sa rencontre avec le muphti de Jérusalem. Depuis, il ne cessera et ce, jusqu?à son suicide en 1996, de voler au secours de nombreux activistes palestiniens. C?est par inadvertance, en 1939, qu?il se frottera pour la première fois aux agents du renseignement. Voyageant beaucoup à travers l?Europe, il intéressa l?Abwehr qui lui affecte un officier traitant. Et lui, il en profitera pour faire des affaires avec la Wehrmacht. De fil en aiguille, il tisse ses premiers liens avec certains officiers qui deviendront plus tard des amis, notamment Paul Dickopf (qui deviendra président d?Interpol) et Hans Rechenberg, résident du BND allemand. Ainsi, du journaliste qu?il était dans les années 1930 à l?homme d?affaires, la dizaine d?années suivantes, voilà que maintenant le Lausannois se découvre des talents d?éditeur de la pensée nazie. Outre la publication du testament du Führer, il fera tout pour récupérer les droits de publication des écrits de Goebbels, le «propagandiste du diable». (à suivre...)