Constat - Outre le trafic et la falsification des billets de banque dans notre pays, la monnaie nationale n'échappe pas aux réseaux de faussaires européens. Preuve en est l'affaire du vol de papier destiné à l'impression des billets de banque de 1 000 DA. En effet, un camion qui transportait 44 bobines de papier, provenant d'Allemagne pour imprimer des billets de banque à destination d'Alger et la Banque centrale, a été braqué selon une minutieuse préparation, en novembre 2006. Les 20 tonnes de marchandises ont été volées. Il faudra attendre deux ans pour qu'un échantillon réapparaisse : le 28 septembre 2008, à l'aéroport de Marignane, la police saisit 51millions de faux dinars algériens (516 000 euros), après un contrôle de routine sur les valises de deux frères tunisiens. Sami et Ridha s'apprêtaient à prendre un vol Marseille -Tunis. Le soir même, ils dorment en prison, après leur mise en examen pour trafic de fausse monnaie. Une première expertise convainc les enquêteurs que le pactole provient du papier de banque braqué en novembre 2006. A Alger, la Banque centrale redoute qu'un afflux de fausse monnaie ne provoque une crise de confiance des citoyens dans le billet de 1 000 DA, valeur refuge en Algérie où dominent les paiements en espèces. Les semaines s'écoulent et, surprise, la scène du crime se déplace en Italie. Le 21 janvier 2009, la Guardia di Finanza perquisitionne près de Naples une imprimerie clandestine dans le cadre d'une enquête sur le clan Di Pozzuoli, une composante de la Camorra, la mafia napolitaine. C'est jour de chance : les Italiens tombent sur trois rouleaux de papier fiduciaire provenant du chargement de Louisenthal. Leurs investigations permettent de tracer des flèches sur les cartes de la Méditerranée, entre Marseille, Naples et Alger. Des figures du banditisme et des hommes plus respectables apparaissent dans les listings des personnes placées sur écoute. Surtout, une coopération franco-italienne se développe pour surveiller les faits et gestes d'un gros bonnet, Gaetano Beneduce, le propre parrain du clan Di Pozzuoli. On écoute et on photographie l'homme lors de ses rencontres dans des cafés de la banlieue de Marseille. Puis, pendant le printemps et l'été 2009, les filatures se multiplient, permettant aux enquêteurs d'entrevoir des réseaux sur une large échelle. Autre événement sombre dans cette affaire de vol c'est la dissimulation au ministre des Finances de cette affaire grave. En effet, des responsables à la Banque centrale n'ont pas informé le ministre de ce vol. En réponse à une correspondance envoyée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le ministre des Finances a expliqué qu'il n'était pas au courant de cette affaire. «Le gouverneur de la Banque d'Algérie m'a informé le 8 octobre 2008 (deux ans après) du vol à Marseille du papier destiné à l'impression de billets de banque et qu'il a déposé plainte auprès des services judiciaires français. Suite à ces informations, j'ai ordonné de renforcer les mesures de contrôle au niveau de nos frontières Est et Ouest pour avorter toute tentative d'introduction dans notre pays de billets falsifiés», a-t-il écrit.