Des entrepreneurs, poussés à la faillite, dénoncent ici le diktat qu'ils ont subi pour obtenir des marchés. Des responsables locaux sans foi ni loi, leur tendent de véritables pièges pour leur imposer ensuite leurs conditions d'attribution de ces marchés publics. C'est l'ère de la magouille, de la tchipa, des gros sous et des faveurs. Entre-temps, des entreprises meurent asphyxiées, et des travailleurs sont jetés au chômage. Elles sont plus d'une soixantaine d'entreprises à faire face à l'insolvabilité de l'Office publique de gestion immobilière (Opgi) de Tipaza. Leurs patrons évoquent cet aspect comme un traquenard administratif et une condamnation à mort de leurs entreprises. «Nous construisons des logements pour l'Opgi et des tombes pour nos entreprises», disent plusieurs d'entre eux, dont certains ont mis la clef sous le paillasson depuis longtemps déjà. D'autres sont endettés jusqu'au cou et menacés de faillite. «La situation de faillite à laquelle nous sommes actuellement confrontés, je l'aurais peut-être évitée si j'avais accepté de verser une tchipa à des rabatteurs», dénonce un entrepreneur de Réghaïa qui a réalisé un projet de logements à Fouka. Un discours tenu par d'autres entrepreneurs, dont l'un d'eux, de statut d'entrepreneur se retrouve salarié d'une entreprise privée de construction. Ce sont aussi des milliers de postes de travail directs et indirects perdus et plus de 100 milliards de centimes de créances impayés. Une situation qui perdure et des promesses qui laissent des entreprises sous «perfusion». Plus d'une dizaine d'entrepreneurs sont traînés devant la justice pour n'avoir pas versé les salaires de leurs employés, faute de moyens… Une situation catastrophique qui risque de laisser des traces indélébiles dans la profession des bâtisseurs.