Configuration - L'Union du Maghreb arabe (UMA) est une réalité au sein de certains couples. C'est à Toulouse que Mohand, le Bougiote, rencontre en 1964 la Tunisienne Fatima, qui deviendra son épouse. A cette époque, Mohand était manœuvre dans une entreprise d'automobile, Fatima, serveuse dans un restaurant toulousain. De leur union, est né Djamel. A son tour, il s'attache en 1987 à Souad, une Casablancaise, qui deviendra également son épouse. C'est à l'université que s'est produit le coup de foudre pour ce jeune couple. C'est en 1989 que Djamel et Souad annoncent leur intention de se marier à leurs parents. Chez la famille de Djamel, la nouvelle n'est pas réjouissante et les langues chuchotent qu'il «vaut mieux une diablesse dans la maison qu'une Marocaine dans les environs», dit Mohand, le père de Djamel avec une pointe d'ironie. L'attitude de la famille de Souad fut différente. Son alliance avec un Maghrébin est jugée de loin préférable à celle qu'elle aurait pu contracter avec un «Roumi». Sa cousine venait en effet «de provoquer le scandale en se mariant à un Allemand», raconte Souad. Ainsi, lorsque Djamel lui passe la bague au doigt en 1991, ses parents poussent un ouf de soulagement. «Chez moi, on s'est dit : ‘'C'est un musulman, donc un moindre mal. Et Djamel a été bien accepté par rapport à d'autres beaux-frères si lointains !''». Décision est prise de s'installer en Algérie, Djamel défend son choix en avançant à son entourage à Béjaïa que sa famille est connue et qu'il n'aura pas «à supporter l'anonymat au Maroc». Leurs métiers – avocat pour lui et banquière pour sa femme – leur permettent de s'installer dans un duplex dans un quartier résidentiel sur les hauteurs de la capitale. Souad s'est fait des amies, est bien intégrée dans son travail et, s'il lui est arrivé dans le passé d'être harcelée par un de ses responsables, «ce n'est pas par ostracisme, mais par misogynie», assure-t-elle. La nostalgie du pays natal l'étreint parfois, mais elle confie, la larme à l'œil : «Ma vie est désormais là où est mon foyer. Mon époux, c'est toute ma famille.» Ce sont surtout ses deux filles, aujourd'hui adolescentes, qui ancrent désormais son couple dans les réalités de son pays d'accueil. Si elles n'ont pas la nationalité de leur mère, elles revendiquent les héritages respectifs de leurs parents, et le Casablanca maternel leur est aussi cher que les monts de Yemma Gouraya du père. En les observant, on comprend que ces jeunes filles équilibrées poursuivent avec bonheur le parcours de leurs parents. «Chez moi, c'est l'Union du Maghreb arabe dans la réalité», conclut le papa de Djamel.