Résumé de la 3e partie - A cinquante ans, Fatima ne désespère pas de revoir l'homme qui a promis, il y a vingt ans, de l'épouser mais qui est parti et n'a plus donné signe de vie. Quelques mois après, Fatima se rend chez le dentiste pour des soins. Dans la salle d'attente, elle entend des femmes des villages voisins bavarder. Comme elle ne connaît personne, elle se tient à l'écart. — Tu connais Dahbia, du village de L. ? demande l'une des femmes aux autres. Les unes la connaissent et d'autres pas. Fatima, elle, prête une oreille attentive : elle connaît bien le village de L., qui est celui de l'homme qui l'a abandonnée et le prénom de Dahbia lui dit quelque chose. — Elle est morte, la vieille Dahbia ? Il paraît qu'elle est paralysée depuis cinq ans ! — Non, non… au contraire, elle revit ! — Comment cela ? — Eh bien, son fils qui est parti il y a vingt ans et qui n'a pas donné signe de vie, refait surface ! Fatima manque de se trouver mal : il s'agit bien de son «fiancé», Ahmed ! Et elle se rappelle, maintenant, que sa mère s'appelle effectivement Dahbia. Elle ouvre la bouche pour poser une question. Mais une femme la devance. — Qu'entends-tu par donner signe de vie ? — Eh bien un de ses cousins l'a rencontré… Il lui a dit dans quel état était sa mère… Il va, paraît-il, venir la voir. La pauvre, elle n'arrête pas de penser à lui, depuis si longtemps… D'ailleurs, si elle est malade, aujourd'hui, c'est un peu à cause de cela. Il n'y a pas que sa mère qui pense à lui, se dit Fatima… Elle aussi pense à lui et depuis vingt ans ! Elle aussi l'attend et depuis vingt ans ! elle est prise de vertige : l'attente, la longue attente, va-t-elle enfin prendre fin ? L'homme qu'elle aime et qu'elle n'a pas cessé d'aimer depuis vingt ans, va-t-il enfin lui revenir ? Comme elle a bien fait de ne pas se marier, de lui rester fidèle car, elle en est persuadée, Ahmed, s'il revient, l'épousera et l'emmènera avec lui ! La porte du cabinet s'ouvre. L'infirmière s'adresse à Fatima : — Venez, c'est votre tour ! Elle sursaute. — Mon tour ? — Oui, si vous voulez encore attendre… Elle se lève et entre dans le cabinet. Quand elle en sort, elle ne veut plus partir. — J'attends quelqu'un, dit-elle aux patientes, étonnées de la voir reprendre sa place. Mais les femmes ont changé de sujet : elle ne parle plus de Dahbia et de son fils et Fatima n'ose pas les interroger. Elle retourne à la maison dans un état d'agitation extrême. — Qu'y a-t-il ? demande sa belle-sœur, Akila, tu as l'air malade… Fatima hésite puis elle décide de mettre la jeune femme dans la confidence. — Approche, j'ai une nouvelle extraordinaire à t'apprendre… (A suivre...)