Résumé de la 2e partie - Le médecin apprend à Mme Lefranc que sa fille Manon ne grandira plus... Cette dernière, en même temps qu'elle ne grandit pas, change d'aspect. Son visage se ferme, son expression devient ingrate, revêche... Où est-elle, Manon aux cheveux d'or ? Chaque matin, en se réveillant, elle court devant la marque de son mur, avec l'espoir fou que, dans la nuit, la malédiction aura été brisée. Mais la sensation de la petite entaille sous ses doigts la détrompe. La malédiction est toujours là... Le temps passe et la haine de Manon contre Charlotte ne cesse de croître. Sa sœur est pourtant une enfant riante et douce, mais Manon la déteste tout simplement parce qu'elle grandit. La croissance de Charlotte est un cauchemar. Elle en prend pour confidente sa poupée Amélie, sur laquelle elle a reporté tout son amour : — Aujourd'hui, Charlotte a fait ses premiers pas. Je voudrais qu'elle soit morte ! Toi, Amélie, tu me comprends. Toi, tu es comme moi, tu ne grandis pas... Un jour, elle se jette sur un chaton qu'un domestique avait recueilli dans la rue et lui tord le cou. Sa mère, qui a été témoin de son acte, est scandalisée : — Pourquoi as-tu fait cela ? C'est très méchant, très cruel ! Marion répond avec violence : — Parce qu'il allait grandir. Je ne voulais pas qu'il grandisse Pernelle Lefranc se contente d'une remontrance. Elle n'est pas autrement inquiète de ce qui vient de se passer. Il y a longtemps que ce que fait Manon ne la préoccupe plus guère. Novembre 1777, Charlotte a six ans, l'âge où Manon a eu sa terrible maladie, l'âge dont elle a toujours la taille, bien qu'elle ait maintenant douze ans. Ce jour-là, Pernelle Lefranc arrive avec un paquet gris. — Je vous ai fait faire la même robe à Charlotte et à toi. Manon est devenue aussi pâle que lorsqu'elle avait sa fièvre. — La même robe ? — Eh bien, oui : vous avez les mêmes mesures. Vous serez mignonnes habillées pareillement. J'ai choisi du gris. Il y a longtemps que tu n'en as pas porté et elle non plus... Et sa mère continue à parler, à détailler la qualité du tissu, la beauté des dentelles, les broderies au fil d'or... Pas un instant, elle ne se rend compte de l'inconscience qui est la sienne, du supplice qu'elle inflige à son enfant contrefaite, du couteau qu'elle retourne dans sa plaie et des conséquences qui peuvent en résulter. Manon pourrait refuser, mais elle se laisse faire et la voilà habillée comme sa sœur. Elle souhaite de toutes ses forces que Charlotte tombe malade qu'elle s'arrête de grandir, qu'elle garde cette robe grise toute sa vie. Elle lui dit qu'elle à inventé un nouveau jeu : il faut qu'elles se mesurent toutes les deux devant la marque de sa chambre. Charlotte est une enfant simple et rieuse. Elle aime beaucoup Manon. Elle n'a pas la moindre idée de la haine qu'elle lui porte et de la souffrance qui est en elle. Elle accepte de bonne grâce. Pendant un moment, Manon a un fol espoir. On dirait que Charlotte ne grandit plus. Et puis, un jour, elle doit se rendre à l'évidence : sa sœur dépasse nettement l'entaille du mur... Thomas Lefranc a dû s'en rendre compte aussi, car le lendemain, il arrive avec sous le bras une magnifique robe verte. Charlotte pousse des cris de joie en la voyant. — C'est pour moi ? — Mais oui ! Tu es une grande fille, maintenant. (A suivre...)