Résumé de la 2e partie La vérité a fini par éclater. Yacine a subi une cabale montée par une de ses anciennes employées. Mais alors, qui a assassiné ? Qui est le monstre ? Elle est tétraplégique, sa tête couronnée d?épais cheveux noirs, brinquebale au rythme de la chaise roulante. Et visiblement, elle doit faire d?incroyables efforts pour parvenir à articuler les mots qu?elle prononce : «J?ai vu l?homme qui a essayé de me tuer», dit-elle, puis elle tourne les yeux vers Yacine. Elle regarde longuement avec une expression de rage. «Il s?est approché de moi par derrière, mais au moment où il a saisi ma nuque, j?ai réussi à tourner la tête». Elle se tait de nouveau. Son regard sombre est perdu dans celui de Yacine. «C?est lui, conclut Malika, je suis sûre que c?est lui, je suis sûre que c?est lui.» Le représentant du ministère public vient de se dresser et répétant la dernière phrase de la jeune handicapée, il commence son réquisitoire. «Comment Malika pourrait-elle se tromper ? demande-t-il, quand on a vu la mort de si près, on ne l?oublie pas. Et Yacine est bien le monstre insaisissable qui rôdait dans la région depuis de longues années déjà. Ce monstre qui a déjà exécuté deux personnes l?une après l?autre. Voulez-vous une preuve supplémentaire de ce que j?avance ? Eh bien, je vais vous la donner et tout de suite. Depuis l?arrestation de Yacine, aucun crime n?a plus été commis dans la ville. Yacine est donc bien le coupable. La société doit se débarrasser de lui à jamais en lui donnant cette mort qu?il a infligée à tant d?innocentes femmes.» A son tour, l?avocat de la défense se lève et, usant du même procédé que le ministère public précédemment, il répète le dernier mot de la victime avec une telle emphase que sa voix chaude envahit toute la salle. «Innocent, mon client l?est autant que les femmes dont vous parlez, M. le procureur général, car lui aussi est la victime de ce monstre qui hante la région. Qui est ce maniaque, ce pervers ? Je ne le sais pas, tout ce que je sais c?est que ce n?est pas l?homme que je défends, car voyez-vous, Yacine n?a pas tué. Il vous l?a dit tout à l?heure et, depuis le début, il a pu fournir un alibi pour chacun des crimes? L?un d?eux vous paraît-il flou, pas assez clair, M. le procureur ? Restent les deux autres. Deux, ce n?est pas négligeable tout de même.» Il se tait et reprenant son souffle, il déclare : «Malika a juré de se venger. Et je crois qu?elle a réussi. Bien sûr, dit-il, depuis l?arrestation de Yacine, mon mandant, aucun autre meurtre n?a été commis. Mais cela, à mes yeux, n?est pas significatif, car le monstre dont vous parlez est parfois resté plusieurs mois sans agir. Il recommencera, peut-être, au lendemain même de l?exécution de l?homme que je défends.» Une nouvelle pause, l?avocat regarde Malika, la jeune paraplégique assise sur sa chaise roulante, au premier rang. «Bien sûr, lance-t-il, il y a aussi cette femme venue dénoncer son assassin présumé. Cette fille qui, a priori, n?a aucune raison de mentir. Aucune vraiment ? Eh bien oui, elle en a une, Malika a été employée dans le restaurant de mon client comme aide-cuisinière. A la suite d?un vol déclaré, celui-ci l?a renvoyée et elle a nourri à son endroit une haine mortelle. Elle a juré de se venger. Et voyez-vous, moi je crois qu?elle l?a fait ici même en tentant de faire passer Yacine pour ce qu?il n?est pas : un monstre, un pervers dont elle n?a jamais décrit le vrai visage ni les faits du kidnapping ni le viol. Et oui, Monsieur !» Après de longues délibérations, le tribunal tranche en faveur de Yacine qui est déclaré «non coupable».