Résumé de la 5e partie - Depuis leur détention, Robert T. et John V. semblent, après de nouveaux aveux,confirmer la préméditation... Il est 10h 35 lorsque les deux enfants font leur entrée dans le tribunal de la Couronne de Preston. Tous deux sont en blazer et cravate, à la manière des collégiens des établissements chic de Grande-Bretagne. Ils ont les cheveux courts et on remarque qu'ils sont devenus un peu grassouillets. Robert T. et John V. prennent place devant le juge, sur une estrade qu'on a dû surélever spécialement. Ils resteront le dos tourné au public et les journalistes ont interdiction de les photographier. Indépendamment de leur avocat, ils ont chacun un éducateur à leurs côtés pour les assister. Pendant toute la durée des débats, on ne les appellera pas par leur nom ni même par leur prénom, mais uniquement «le garçon A» pour Robert T. et «le garçon B» pour John V. Devant eux, se tient le juge Morland, juge unique de ce procès, en robe rouge et perruque. Derrière, ont pris place leurs parents, tête baissée, écrasés par la situation. Seul le père de James, Ralph Bulger, est présent ; sa mère, enceinte de huit mois, n'est pas là. Robert T. et John V., ou plutôt «les garçons A et B», vont donc répondre des inculpations retenues contre eux par le jury d'accusation : tentative d'enlèvement, enlèvement et meurtre de mineur. En raison de leur âge, s'ils sont reconnus coupables, aucune peine d'une durée précise ne pourra être prononcée contre eux. Ils seront «détenus selon le bon plaisir de Sa Majesté». C'est ce qui s'est passé pour le seul cas analogue au leur : Mary Bell, dont on a déjà lu l'histoire dans cette colonne du journal. Malgré les aveux répétés de Robert et John, leurs avocats ont décidé de plaider non coupable. Il n'est pas question, évidemment, de nier qu'ils ont tué James Bulger. Chaque défenseur va essayer de prouver que son petit client n'a rien fait et que c'est l'autre qui est coupable. Cette tactique peut sembler contestable, mais pour bon nombre d'observateurs, c'est ce procès lui-même qui n'a aucun sens. Quelle justice peut-on rendre contre des meurtriers de dix ans ?... Les débats sont ouverts. Le juge Morland qui, comme ses confrères britanniques, a des pouvoirs largement supérieurs à ceux de nos présidents de cour d'assises, commence par un discours à l'adresse des jurés. Il leur demande de se forger opinion par eux-mêmes et non par ce qu'ils ont lu, entendu ou vu dans les médias. Ce n'est pas loin d'être un vœu pieux, compte tenu des circonstances. L'acte d'accusation est lu par l'avocat général Richard Henriques. Dès ses premiers mots, il replonge l'assistance dans l'horreur, avec une intensité encore jamais atteinte. Si les journalistes avaient ignoré certains détails, lui retrace de manière complète et insoutenable le calvaire du malheureux James Bulger. Il n'est pas mort du passage du train, qui a coupé son corps en deux. Il est décédé bien avant, de nombreuses fractures du crâne, infligées à l'aide de pierres, de briques et d'un objet métallique. L'empreinte de la chaussure d'un de ses meurtriers est même restée imprimée sur son visage. Après en avoir terminé avec son récit, le procureur conclut : — Il est clair qu'en dépit de leur jeune âge, les deux accusés entendaient bien tuer James ou à tout le moins lui infliger de très graves blessures. Ils n'ignoraient pas que leur comportement était sérieusement répréhensible. Tout avait été décidé d'un consentement mutuel du début jusqu'à la fin... La première journée s'achève sur ces propos. Le lendemain 2 novembre, le procureur Henriques donne lecture des aveux des deux enfants. ( A suivre...)