Mutation - D'un pays de transit, l'Algérie est devenue, ces dernières années, un pays consommateur des drogues et de psychotropes. Le fléau ne cesse de grimper pour toucher une large frange de la société, essentiellement les jeunes âgés entre 19 et 30 ans. Des statistiques relatives à la saisie de stupéfiants,communiqués régulièrement par les services de sécurité, révèlent la hausse inquiétante de la consommation, ce qui menace la stabilité morale et psychologique des citoyens dans les différentes régions du pays. Face à cette situation, une politique nationale de prévention s'impose et devra impliquer, en sus de la société civile, tous les départements ministériels car le fléau n'épargne aucun secteur de vie citoyenne. «La protection de la jeunesse est la responsabilité de tout le monde. L'Etat et la société civile doivent conjuguer leurs efforts pour la prévention et la lutte contre le fléau de la toxicomanie. Or, actuellement, le problème n'est pas pris au sérieux, car il n'y a pas de politique nationale claire en la matière. Il est temps de se réveiller et agir avant que ce ne soit trop tard !», a souligné, mardi, Abdelkrim Abidat, président de l'Organisation nationales des associations de sauvegarde de la jeunesse (Onasj). «Je dirai au ministère de la Jeunesse et des Sports de cesser de ne s'occuper que du football. Notre jeunesse est beaucoup plus importante que la balle ronde, qui enregistre d'ailleurs des résultats catastrophiques ! Les ministères de l'Education nationale, de la Formation professionnelle et de la Solidarité nationale doivent aussi s'impliquer activement dans les efforts visant à protéger notre jeunesse des drogues et des psychotropes», a-t-il insisté, lors d'une conférence de presse tenue au siège du journal El Moudjahid. Les chiffres concernant ce fléau donnent le tournis. Près d'un million de jeunes sont des consommateurs réguliers de drogue, selon les enquêtes menées par des associations. «Les efforts des associations et de la sûreté nationale restent insuffisants pour faire face à ce fléau. Les campagnes de sensibilisation menées périodiquement au profit des jeunes des quartiers populaires sont fructueuses, mais on ne peut pas juguler la consommation des drogues sans une politique nationale bien définie et qui implique toute les institutions de l'Etat», a encore souligné M. Abidat. L'Onasj dispose actuellement de trois psychobus, trois SAMU scolaires et un Centre de prévention et de psychothérapie à Mohammadia (Alger). Des moyens incapables de prendre en charge les milliers de drogués dans les différents quartiers d'Alger. Les médecins, psychologues et sociologues vont à la rencontre des jeunes consommateurs de drogues, les écoutent et leur offrent des séances de psychothérapie. «Notre organisation tente de travailler dans la rue, mais les consommateurs de drogues et les dealers sont partout : dans les écoles, les universités, les Centres de formation professionnelle… Sans l'implication des ministères concernés, nous ne sommes pas capables d'y faire face. Les pouvoirs publics doivent se réveiller maintenant, car lorsqu'on sait que la population algérienne est composée de jeunes à hauteur de 70%, on se rend compte du danger qui nous guette pour les années à venir», avertit le président de l'Onasj.