Stagnation - Profitant de la trêve hivernale, les instances du football national se penchent sur la situation et sur le devenir du professionnalisme instauré depuis dix-huit mois en Algérie , mais qui ne semble pas avancer d'un iota. C'est même un professionnalisme qualifié de pacotille par l'opinion et pratiquement tous les acteurs du football qui se sont invités au débat lors de cette trêve hivernale. Cette dernière, qui est une sorte de halte, est un moment propice pour faire le point sur l'état de mise en œuvre de ce projet décidé par l'instance fédérale et appuyé par les pouvoirs publics. D'ailleurs, c'est aujourd'hui que la commission de réflexion sur le professionnalisme mise en place par la Ligue professionnelle de football (LFP) devrait recueillir les avis et suggestions des 32 clubs des Ligues 1 et 2 auxquels elle a soumis son rapport préliminaire sur ce dossier. Pour rappel, cette commission devra remettre le rapport final sur l'état des lieux du professionnalisme en Algérie ce jeudi au conseil d'administration de la LFP, présidé par Mahfoud Kerbadj qui, à son tour, le transmettra à la Fédération algérienne de football (FAF) et au ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS). Ce même rapport devrait atterrir, selon le premier responsable de la ligue, sur le bureau du Premier ministre afin que les pouvoirs publics puissent prendre la mesure de ce qui a été fait jusqu'à aujourd'hui et surtout ce qui reste à faire, car il s'agit d'un grand chantier qui a du mal à vraiment démarrer. Les difficultés financières auxquelles font face les clubs depuis l'avènement du professionnalisme ont interpellé les deux instances, FAF et LFP, qui se penchent sérieusement sur le sujet et n'écartent pas du tout l'éventualité de revoir leur copie. D'autant plus que les clubs nagent en plein paradoxe puisque au moment où la plupart crient à la crise, certains ont trouvé les «moyens» d'aller en stages à l'étranger avec des délégations qui dépassent la trentaine de personnes. Pis encore, des clubs interdits de recruter durant le mercato d'hiver pour n'avoir pas résolu leurs contentieux avec leurs joueurs impayés, n'ont pas hésité à faire leurs achats le plus normalement du monde. Seulement, le président Kerbadj a lancé, de nouveau, une autre menace à l'encontre de ces clubs qui, selon lui, «prennent les choses à la légère en recrutant des joueurs au moment où ils sont interdits de le faire.» Le boss de la LFP jure même qu'aucun joueur ne sera qualifié au cas où tel ou tel autre club n'aurait pas réglé son contentieux auprès de la commission de résolution des litiges, martelait Kerbadj lors d'une déclaration faite à l'APS. Ils sont dix clubs dans cette situation et sous le coup de l'article 91 du code disciplinaire qui prévoit même des défalcations de points au cas où cette situation ne serait pas apurée. D'où la réflexion des instances du football d'aller vers une autre piste, celle du semi-professionnalisme où les clubs auront à choisir entre préserver leur statut actuel ou de changer de cap pour éviter un dépôt de bilan et une rétrogradation. Mouldi Aïssaoui, directeur général de l'USM Alger et président de la commission de réflexion sur le professionnalisme de la LFP, a affirmé, dimanche soir sur les ondes de la radio nationale Chaîne I (dans l'émission ‘'Bi koul wed'') que le rapport élaboré par ses soins et les membres de la commission prévoit cette possibilité et présente un certain nombre de solutions urgentes, tout en soulignant que le professionnalisme demande des dizaines d'années pour vraiment s'implanter dans notre pays. Au jour d'aujourd'hui, aucun club algérien ne remplit les conditions pour espérer décrocher la fameuse licence CAF exigée par l'instance africaine pour pouvoir prendre part aux compétitions continentales et le recours à l'Etat est incontournable pour recadrer les choses et remettre le projet sur de véritables rails pour espérer amorcer un départ positif et non pas tourner en rond en s'enlisant dans un flou total.