Situation - Les violences ethniques et religieuses ont connu une nouvelle flambée hier, faisant au moins 11 morts dans le nord musulman et 5 dans le sud chrétien. Dans le Nord, les violences revendiquées ou attribuées au groupe islamiste Boko Haram ont connu une nouvelle flambée hier soir : des assaillants à moto, un modus operandi de Boko Haram, ont ouvert le feu sur les clients d'un bar de Potiskum, tuant huit personnes, dont cinq policiers, selon des témoins. «Les policiers étaient venus boire un coup», a expliqué un témoin. La police a confirmé l'attaque, sans donner de bilan. Fief du groupe Boko Haram, Potiskum est l'un des épicentres des violences antichrétiennes, qui ont fait près de 140 morts depuis Noël. Dans l'Etat de Bauchi, trois habitants ont été abattus par des hommes armés dans le village majoritairement chrétien de Dalman. Par ailleurs, des assaillants ont attaqué hier et incendié en partie la mosquée centrale de la ville de Benin City (sud) après avoir visé lundi une première mosquée. Cinq personnes ont été tuées et 10.000 déplacées depuis lundi par ces violences dans un quartier haoussa, une communauté nordiste musulmane, selon la Croix-Rouge locale. Hier dans cette ville d'un million d'habitants, capitale de l'Etat d'Edo, une école islamique du complexe religieux ainsi qu'un bus ont aussi été incendiés. Il s'agit de possibles représailles antimusulmanes dans le Sud depuis la multiplication ces deux dernières semaines des attaques contre des chrétiens dans le Nord. Dimanche, le président Jonathan s'était alarmé d'une situation «pire que la guerre civile» des années 60, en référence à la guerre sécessionniste du Biafra (1967-1970), et au caractère imprévisible des attaques religieuses. Alarmé, le prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka lui a donné raison hier, en estimant que son pays «se dirigeait vers une guerre civile» et en accusant certains dirigeants politiques d'attiser l'intolérance religieuse. En revanche, on n'a pas signalé hier de victimes dans le cadre d'une grève générale contre la fin des subventions sur les carburants, alors qu'on avait dénombré six morts dans des affrontements entre policiers et manifestants la veille. Cependant, les autorités ont imposé hier un couvre-feu à Kaduna (Nord) après des tentatives de grévistes émeutiers de «semer le trouble». D'après des habitants, la police a violemment dispersé des milliers de personnes tentant de forcer les portes du gouvernement local. La grève, qui n'affecte pas à ce stade la production pétrolière du plus gros producteur d'Afrique, paralyse le pays, compliquant encore la tâche du Président Goodluck Jonathan, un chrétien du Sud. Le gouvernement a ordonné hier soir aux fonctionnaires grévistes de reprendre le travail, menaçant de suspendre leurs traitements.