Synthèse de Hassan Gherab quarante-huit heures après la série d'attentats qui a fait 38 morts et 74 blessés, vendredi dernier, à Jos, ville à la frontière entre le nord du Nigeria à majorité musulmane, et le Sud, principalement chrétien, le pays a vécu un regain de violence entre les deux communautés. Dimanche dernier, une bataille intercommunautaire a eu lieu dans les rues de la ville. Une personne aurait été tuée et des dizaines de bâtiments ainsi que des véhicules ont été incendiés. Pour éviter une nouvelle flambée de violence, des renforts militaires ont été envoyés dans le secteur de Jos et la police s'est déployée dans la ville. Dans une première réaction, le président nigérian, Goodluck Jonathan, a promis de faire traduire en justice les responsables des attentats «qui ont tué de nombreux Nigérians innocents, tant chrétiens que musulmans» à Jos. De son côté, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, qui s'est déclaré «horrifié», dimanche dernier, par les violences au Nigeria, «condamne ces actes déplorables de violence alors que des millions de Nigérians célèbrent les fêtes religieuses et soutiennent les efforts par les autorités du Nigeria de traduire les responsables devant la justice». Les attaques de vendredi dernier n'ont toujours pas été revendiquées, même si ce sont surtout des lieux de culte chrétiens qui ont été pris pour cible. Mais les violences sont récurrentes dans ce pays, le plus peuplé d'Afrique, où les tensions entre chrétiens et musulmans s'exacerbent à l'approche du scrutin présidentiel d'avril. Toutefois, pour le gouverneur de la région, «le but des instigateurs [des attentats] est de dresser les chrétiens contre les musulmans et de déclencher un nouveau cycle de violences qui culmineraient dans le sabotage des activités préélectorales».Dans le nord du pays, les attaques d'églises à Maiduguri sont les dernières violences en date attribuées à la secte islamiste Boko Haram qui affirme vouloir instaurer un Etat islamiste «pur». En juillet 2009, la secte qui se réclame des talibans d'Afghanistan, comptait des milliers de partisans. Elle avait alors mené une offensive coordonnée contre des commissariats dans plusieurs Etats du Nord et un affrontement avec les forces de l'ordre avait fait des centaines de morts. Plus de 50 personnes, dont des policiers, des soldats, des religieux, des chefs locaux et des politiciens ont été tués à Maiduguri, au cours des cinq derniers mois, par des hommes soupçonnés d'appartenir à la secte Boko Haram. En 2010, les violences intercommunautaires ont causé la mort d'une centaine de personnes.