Constat - Internet qui est devenu en un petit laps de temps un moyen de communication et un outil de travail incontournable, demeure un luxe pour les habitants d'Assi Youcef à Boghni. Se connecter à Internet relève du parcours du combattant pour les habitants de ce village perdu de la Kabylie, situé à 45 km au sud de la wilaya de Tizi Ouzou. Rares sont en effet les maisons raccordées au réseau de la téléphonie fixe. Mis à part les habitants dont les maisons sont situées en bordure de la route principale de la commune ou à sa proximité, aucun autre village ne dispose de ce «luxe». Ce qui pousse les jeunes de cette région à faire la queue devant les cybers. «Un véritable casse-tête», selon Saïd D., qui dit en avoir «marre», d'autant plus qu'il a des engagements qui l'obligent à se connecter chaque soir. «Chaque fois, je suis obligé d'attendre au moins une heure pour trouver une place disponible», nous a-t-il confié, révolté. Une situation qui s'explique par le nombre de postes disponibles. Sur tout le territoire de la commune qui compte un peu plus de 18 000 habitants (selon les statistiques de 2010), on ne dénombre que cinq cybers, avec une moyenne de dix postes pour chacun, soit environs 50 postes pour tous ces jeunes désœuvrés et férus de la Toile. Et «Même si tu as la chance de trouver une place libre au cyber, le débit de la connexion est très très faible», fait remarquer Farid H., un jeune étudiant en informatique qui ajoute : «Pour arriver à ouvrir une fenêtre web, il faut attendre plusieurs minutes.» Pis encore, des coupures de réseau sont très fréquentes. «Elles durent parfois des journées entières sans que le problème soit réglé, ce qui rend le fait de se connecter sur Internet une tâche pénible». Pour les villageois qui n'habitent pas au chef-lieu de la commune, la situation est beaucoup plus compliquée. Ils sont obligés, chaque fois, à parcourir plusieurs kilomètres pour se rendre aux cybers. Pour ces jeunes, l'effort physique ne compte pas, mais les difficultés que cela leur fait endurer notamment, durant la nuit, ne sont pas négligeables. «Rester au cyber jusqu'à des heures tardives n'est pas rassurant. La situation sécuritaire dans la région ne le permet pas. Mais certains n'ont pas le choix. Le matin je travaille. Ce n'est que le soir que je peux me connecter. Je suis conscient des risques mais je n'ai pas du tout le choix », nous répond Farid habitant à Ath El Kacem, à 3 km du chef-lieu de la commune. Pour la gent féminine, c'est encore une autre histoire. Pour les nombreuses femmes universitaires, se connecter dans un cyber du village demeure toujours un tabou et une frontière à ne pas franchir. Ainsi pour consulter leurs comptes ou faire un travail sur Internet, elles doivent se rendre jusqu'au chef-lieu de la daïra de Boghni, à 10 km de leur commune !