Les femmes s?embrassent quand elles se rencontrent et les hommes se serrent la main. Deux attitudes que l'Algérien traduit par deux verbes distincts : t?salem et t?khames. Le premier se rattache à la racine «slm» de laquelle dérivent des mots comme salam (paix) et salama (sauvegarde) ; autrement dit, on se souhaite la paix et la sauvegarde. Le second vient de khemsa (cinq). Et t?khames signifie littéralement «se faire cinq», par allusion aux cinq doigts de la main que l'on serre. En fait, on ne serre pas que les doigts, mais la main entière et si la langue se focalise sur les doigts, c'est parce que l'accent est mis sur le chiffre cinq. C'est si vrai que dans certains dialectes berbères, le mot cinq se dit afus, littéralement main. Geste de chiffre magique et chiffre prophylactique, la main ouverte, doigts écartés, est brandie pour repousser le regard de l'envieux et donc le mauvais ?il : «Khemsa fi 'âynek» (cinq dans tes yeux), dit-on dans ce cas-là. Le geste se matérialise même dans un talisman : la fameuse khamsa, appelée parfois en français main de Fatma, que l'on accroche à la poitrine des jeunes enfants ou que l?on porte en pendentif. Dans certaines régions d'Algérie, Khamsa et El-Khames sont même donnés comme prénoms. En dehors de t?khames (se serrer la main), on emploie également l'expression drab khemsa (tape cinq) pour manifester son accord. On joint toujours le geste à la formule en se frappant les mains, paumes ouvertes et doigts joints !